Résumé de la décision
Dans l'affaire opposant M. C..., ressortissant libyen, au préfet de la Gironde, la Cour administrative d'appel de Bordeaux s'est prononcée sur la légalité d'un arrêté de transfert de M. C... vers l'Italie, notifié le 27 janvier 2020. M. C... avait contesté cet arrêté, et le tribunal administratif de Bordeaux l'a annulé par jugement du 26 février 2020. En appel, le préfet a demandé l'annulation de ce jugement. La Cour a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur la demande d'annulation de l'arrêté, car la responsabilité de la France pour examiner la demande d'asile de M. C... était devenue effective après l'expiration du délai de six mois, rendant l'arrêté caduc.
Arguments pertinents
1. Interruption du délai de transfert : La Cour a confirmé que l'introduction d'un recours devant le tribunal administratif interrompt le délai de six mois imparti pour le transfert, tel que stipulé dans le règlement (UE) n° 604/2013. En conséquence, un nouveau délai a commencé à courir à partir de la notification du jugement d'annulation à l'administration.
> "L'introduction d'un recours devant le tribunal administratif contre la décision de transfert a pour effet d'interrompre le délai de six mois fixé à l'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013."
2. Caducité de l'arrêté de transfert : La cour a établi que, puisque M. C... avait contesté la décision de transfert et que ce recours avait abouti à une décision annulant l'arrêté de transfert, celui-ci ne pouvait plus être exécuté légalement, car le transfert n'avait pas été effectué dans le délai imparti.
> "La décision de transfert étant devenue caduque postérieurement à l'introduction de l'appel et ne pouvant plus être légalement exécutée, les conclusions aux fins d'annulation du jugement attaqué sont devenues sans objet."
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 : Ce règlement, connu sous le nom de règlement de Dublin, établit les critères et mécanismes pour déterminer l'État membre responsable de l'examen d'une demande d'asile. L'article 29 est crucial ici, car il précise les délais et les conditions dans lesquels les États membres peuvent procéder à un transfert d’un demandeur d’asile.
- Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29 : Cet article stipule que le transfert d'un demandeur d'asile doit être effectué dans un délai de six mois après l'acceptation par l'État membre requis. Toutefois, ce délai est interrompu si le demandeur d'asile introduit un recours.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Les articles L. 742-3 à 5 précisent les droits des demandeurs d'asile et le processus de contestation des décisions administratives en matière d'asile.
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-4 : Cet article permet aux demandeurs d'asile de contester la décision de transfert devant le tribunal administratif, ce qui a pour effet d'interrompre le délai prévu pour le transfert. Cela a été un point central dans la décision de la Cour.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article permet à une partie de demander le remboursement des frais de justice dans certaines conditions.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : La Cour a décidé de ne pas faire droit aux demandes de frais au titre de cet article, car la situation ne le justifiait pas.
En conclusion, cette décision démontre l'importance des mécanismes juridiques en place pour protéger les droits des demandeurs d'asile et clarifie les implications du règlement sur les délais et la responsabilité des États membres.