Résumé de la décision
La société immobilière picarde a contesté le rejet par le tribunal administratif d'Amiens d'une demande d'annulation d'un refus implicite du maire d'Amiens concernant la mise en concordance du cahier des charges d'un lotissement avec le plan local d'urbanisme. Le projet concernait la construction de vingt logements sociaux sur une parcelle en tant qu'élément d'un lotissement dont les règles ne permettaient pas cette opération. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant la requête de la société immobilière et ses demandes d'injonction et de compensation financière.
Arguments pertinents
1. Légalité externe et absence de motivation : La cour a affirmé que la décision par laquelle un maire refuse une demande de mise en concordance n'est pas une décision individuelle et ne nécessite pas de motivation selon l'article L. 211-2 du code des relations entre le public et l'administration.
Citation : "La décision par laquelle un maire refuse de faire droit à une demande tendant à la mise en concordance [...] n'est pas au nombre de celles qui doivent être motivées."
2. Erreur manifeste d'appréciation : Il a été soutenu que le refus du maire constituait une erreur manifeste d’appréciation. Toutefois, la cour a rejeté cette affirmation, notant que la société ne fournissait pas d'éléments factuels pour prouver une pénurie de logements sociaux à Amiens.
Citation : "Elle s'en est tenue à des affirmations de caractère général, sans verser au dossier le moindre élément factuel qui accréditerait la réalité d'une pénurie de logements sociaux."
3. Application des articles du code de l’urbanisme : La cour a interprété l'article L. 442-11 du code de l'urbanisme, permettant au maire de refuser une demande de mise en concordance. La société immobilière n’a pas été en mesure de prouver l’obligation pour le maire d’accueillir sa demande.
Citation : "Alors qu'il résulte des dispositions précitées que le maire n'est pas tenu d'accueillir la demande de mise en concordance dont il est saisi."
Interprétations et citations légales
1. Code des relations entre le public et l'administration - Article L. 211-2 : Cet article précise les conditions de motivation des décisions administratives. La cour a statué que le refus du maire ne nécessitait pas de motivation en raison de sa nature non individuelle.
2. Code de l'urbanisme - Article L. 442-11 : La mention de cet article a permis à la cour de valider le refuse du maire. En effet, il stipule que l'autorité peut modifier les documents d'un lotissement pour les mettre en concordance avec le plan local d'urbanisme, mais n’oblige pas à effectuer cette modification sur demande.
Citation : "Lorsque l'approbation d'un plan local d'urbanisme [...] intervient postérieurement au permis d'aménager un lotissement, l'autorité compétente peut [...] modifier tout ou partie des documents du lotissement."
En conclusion, la décision de la cour souligne l'importance d'un cadre juridique clair pour les demandes de mise en concordance d'un cahier des charges avec le PLU, ainsi que la nécessité de fournir des justifications concrètes lorsque l'on soutient des affirmations sur les nécessités d’un projet d’intérêt général.