Résumé de la décision
M. D..., un ressortissant irakien, a quitté son pays avec sa famille pour demander l'asile en France. Sa demande a été déposée le 25 octobre 2018, mais des consultations ont révélé qu'il avait également demandé l'asile en Belgique et en Allemagne. Le préfet du Nord a ordonné son transfert vers la Belgique, décision que M. D... a contestée devant le tribunal administratif d'Amiens. Ce dernier a rejeté sa demande d'annulation de l'arrêté préfectoral. M. D... a ensuite interjeté appel de cette décision.
La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant les arguments de M. D... concernant la notification de l'arrêté, les risques de traitements inhumains en cas de transfert, et l'intérêt supérieur de l'enfant.
Arguments pertinents
1. Notification de l'arrêté : La cour a constaté que M. D... avait été informé de la décision contestée par un interprète et qu'il n'avait pas prouvé que la notification était incomplète. Par conséquent, le moyen tiré du défaut de notification a été écarté.
> "Il ne ressort pas des pièces du dossier, et il n'est pas établi par le requérant, que la copie de l'arrêté qui lui a été remise aurait été incomplète."
2. Risques de traitements inhumains : M. D... a soutenu qu'il risquait des traitements inhumains en cas de retour en Irak. Cependant, la cour a noté que la décision contestée ne concernait pas un éloignement vers l'Irak, mais un transfert vers la Belgique, où il n'a pas été prouvé que les autorités n'examineraient pas sérieusement sa demande d'asile.
> "Il n'est pas allégué que les autorités de cet Etat n'auraient pas procédé à un examen sérieux et attentif de cette demande."
3. Intérêt supérieur de l'enfant : La cour a également rejeté l'argument selon lequel le transfert porterait atteinte à l'intérêt supérieur de l'enfant, notant que la famille ne se trouvait pas dans une situation de grande précarité et que l'enfant pourrait être scolarisé en Belgique.
> "La décision contestée n'a ainsi pas pour effet de séparer l'enfant de ses parents."
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 : Ce règlement établit les critères de détermination de l'État responsable de l'examen d'une demande d'asile. L'article 17 permet à un État membre d'examiner une demande même si cela ne lui incombe pas selon les critères établis.
> "Par dérogation à l'article 3, paragraphe 1, chaque Etat membre peut décider d'examiner une demande de protection internationale qui lui est présentée."
2. Convention européenne des droits de l'homme - Article 3 : Cet article interdit les traitements inhumains ou dégradants. La cour a interprété que le transfert vers la Belgique ne violait pas cet article, car il n'y avait pas de preuve de risques réels.
> "Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants."
3. Convention internationale relative aux droits de l'enfant - Article 3 : Cet article stipule que l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale dans toutes les décisions le concernant. La cour a jugé que le transfert ne portait pas atteinte à cet intérêt.
> "Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale."
En conclusion, la cour a rejeté la requête de M. D..., confirmant que les décisions administratives étaient conformes aux obligations légales et aux droits fondamentaux.