Résumé de la décision
La communauté de communes du Pays du Coquelicot a fait appel d'un jugement du tribunal administratif d'Amiens qui avait annulé sa délibération n° 24 du 28 juin 2021, portant création d'un fonds de concours destiné à soutenir les communes membres. La commune de Miraumont, membre de cette communauté, contestait la légalité de cette délibération. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, considérant que la délibération et son règlement méconnaissaient les dispositions légales relatives aux fonds de concours. En conséquence, la requête de la communauté de communes a été rejetée, et aucune somme n'a été mise à sa charge.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : La communauté de communes a soutenu que le jugement était entaché d'une erreur de droit, affirmant que la délibération n° 24 n'était pas illégale. Cependant, la cour a écarté ce moyen comme inopérant, soulignant que le juge d'appel doit se concentrer sur la régularité de la décision des premiers juges et sur le litige initial.
2. Critères d'éligibilité : La cour a rappelé que, selon l'article L. 5214-16 du code général des collectivités territoriales, les fonds de concours peuvent être versés sous réserve d'accords concordants et que des critères d'attribution peuvent être établis. Toutefois, ces critères doivent être en lien avec l'objet du fonds. La cour a constaté que le critère d'éligibilité lié au transfert des excédents des budgets d'eau et d'assainissement était sans rapport avec l'objet du fonds, qui visait à soutenir les investissements des communes.
> "Ces critères ne sauraient toutefois être sans lien avec l'objet, tel qu'arrêté par l'établissement public, des fonds dont le versement peut être sollicité."
3. Libre administration et égalité de traitement : La cour a également souligné que les critères d'éligibilité ne doivent pas méconnaître les principes de libre administration des collectivités territoriales et d'égalité de traitement. En imposant un critère sans lien avec l'objet du fonds, la communauté de communes a violé ces principes.
Interprétations et citations légales
1. Code général des collectivités territoriales - Article L. 5214-16 : Cet article stipule que les fonds de concours peuvent être versés entre la communauté de communes et ses communes membres, sous réserve d'accords concordants. Il précise également que le montant total des fonds ne peut excéder la part du financement assurée par le bénéficiaire.
> "Afin de financer la réalisation ou le fonctionnement d'un équipement, des fonds de concours peuvent être versés entre la communauté de communes et les communes membres après accords concordants exprimés à la majorité simple du conseil communautaire et des conseils municipaux concernés."
2. Critères d'attribution : La cour a interprété que la communauté de communes a un large pouvoir d'appréciation pour établir des critères d'attribution, mais ceux-ci doivent être en lien avec l'objet du fonds. Le critère d'éligibilité lié au transfert des excédents des budgets d'eau et d'assainissement a été jugé inapproprié.
> "En subordonnant la possibilité pour une commune membre de solliciter le versement d'une aide dans le cadre du fonds de concours institué par la délibération litigieuse, au transfert préalable du solde du budget communal afférent aux compétences 'eau' et 'assainissement', la communauté de communes a instauré un critère d'éligibilité sans lien avec l'objet de ce fonds."
3. Principes de libre administration et d'égalité de traitement : La cour a rappelé que les critères d'éligibilité ne doivent pas avoir pour effet d'instituer une tutelle de l'établissement sur ses communes membres, ce qui a été le cas ici.
> "Ces critères ne sauraient davantage méconnaître les principes de libre administration des collectivités territoriales et d'égalité de traitement."
En conclusion, la décision de la cour a été fondée sur une interprétation stricte des dispositions légales régissant les fonds de concours, en veillant à ce que les critères d'éligibilité soient en adéquation avec l'objet du fonds et respectent les principes fondamentaux de l'administration des collectivités territoriales.