Résumé de la décision
La cour a été saisie par Mme D..., adjointe au maire de Condé-sur-l'Escaut, qui contestait le jugement du tribunal administratif de Lille ayant confirmé le retrait de sa délégation de fonctions par le maire par un arrêté du 13 mai 2015. Ce retrait est survenu suite à un incident où Mme D... aurait fait preuve d'un comportement inapproprié vis-à-vis de la police, entraînant des tensions entre elle et le maire ainsi que d'autres membres du conseil municipal. La cour a rejeté la requête de Mme D..., considérant que les motifs avancés par le maire pour justifier le retrait de la délégation étaient valables et conformes à la bonne administration de la commune. De plus, la commune n'a pas été condamnée à rembourser les frais de justice de Mme D... puisque celle-ci a perdu l'instance.
Arguments pertinents
1. Pouvoir discrétionnaire du maire : La cour a rappelé que "le maire peut, à tout moment, mettre fin aux délégations qu'il a accordées, sous réserve que sa décision ne soit pas inspirée par des motifs étrangers à la bonne marche de l'administration communale." Cela traduit le principe de la liberté d'administration dont dispose le maire pour garantir le bon fonctionnement de la commune.
2. Justification des motifs : La cour a constaté que les éléments ayant conduit à la décision du maire, tels que "le comportement de Mme D... à l'égard des agents de la police", étaient suffisants et pertinents. Cela a permis d'infirmer les allégations selon lesquelles la décision serait arbitraire ou illégitime.
3. Absence de détournement de pouvoir : La cour a affirmé que les accusations de Mme D... concernant l'utilisation abusive du terme "sanction" et des propos diffamatoires ne suffisent pas à constituer un détournement de pouvoir. La cour a conclut qu'il n'y avait pas de lien direct entre ces éléments et la décision administrative contestée.
Interprétations et citations légales
1. Code général des collectivités territoriales - Article L. 2122-18 : Cet article stipule que "le maire est seul chargé de l'administration, mais il peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, déléguer par arrêté une partie de ses fonctions à un ou plusieurs de ses adjoints". La cour a souligné l'importance de cette disposition pour établir le cadre dans lequel le maire peut agir.
2. Contexte d'application de l'article : La cour a interprété l'article L. 2122-18 comme permettant au maire de retirer une délégation non pas simplement à sa guise, mais en tenant compte des nécessités administratives et des relations entre la commune et ses partenaires, tel que la police dans ce cas précis. Cela montre une articulation nécessaire entre le contrôle de l'administration et les impératifs d’une bonne gestion des relations publiques.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Ce texte empêche l'imposition des frais de justice à la commune puisque celle-ci n'était pas la partie perdante dans l'instance. La cour a explicitement mentionné que "ces dispositions font obstacle à ce que les frais exposés par Mme D... soient mis à la charge de la commune".
En somme, la décision insiste sur le cadre légal de l'exercice du pouvoir par le maire et la nécessité de justifier les décisions administratives par des motivations fondées sur le bon fonctionnement de l'administration communale.