Résumé de la décision
M. A..., un ressortissant guinéen, a demandé l'asile en France le 28 mars 2019, mais ses empreintes digitales avaient été relevées en Espagne, ce qui a conduit le préfet de la Seine-Maritime à prononcer un arrêté de transfert vers les autorités espagnoles. Ce jugement a été annulé par le tribunal administratif de Rouen le 12 juillet 2019, ce qui a incité le préfet à faire appel. La cour a confirmé l'annulation de l'arrêté en raison d'une erreur manifeste d’appréciation, tenant compte de la situation familiale de M. A..., dont la mère a obtenu l'asile en France.
Arguments pertinents
1. Discrétion des États membres : La cour rappelle que, selon l'article 17 du règlement (UE) n° 604/2013, chaque État membre peut décider d'examiner une demande de protection internationale même si cette responsabilité ne lui incombe pas. Toutefois, cette option est discrétionnaire et ne constitue pas un droit pour les demandeurs.
2. Situation familiale : Le tribunal a relevé qu’un facteur déterminant de l'annulation de l'arrêté était la situation de la famille de M. A..., en particulier le fait que sa mère avait obtenu le statut de réfugié en France, ce qui a dû être pris en compte pour l'appréciation de sa demande d'asile. La cour a noté qu'il était important de considérer le lien familial dans les décisions concernant les demandes d'asile, même si cela n'impliquait pas nécessairement d'appliquer les articles relatifs à l'État responsable pour les membres de la famille bénéficiant d'une protection internationale.
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 17 : Le tribunal souligne que "par dérogation à l'article 3, paragraphe 1, chaque État membre peut décider d'examiner une demande de protection internationale... même si cet examen ne lui incombe pas". Cette citation illustre la latitude laissée aux États membres, tout en précisant que cette faculté n'est pas un droit pour le demandeur d'asile.
2. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 2, g) et Article 9 : Le préfet a voulu contester le lien de filiation en arguant que la mère de M. A... ne devrait pas être considérée comme un membre de la famille. Toutefois, la cour a précisé que la décision du tribunal ne se fondait pas sur l'article 9 (critères de détermination de l'État responsable), mais sur une évaluation globale de l'article 17.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Le tribunal a mis à la charge de l'État 1 000 euros au bénéfice de l'avocat de M. A..., en application des dispositions concernant l'aide juridictionnelle. Cela reflète le principe selon lequel une partie perdante peut être condamnée à rembourser les frais engagés par la partie gagnante.
Ces éléments transcrivent la complexité et les nuances de la décision, qui repose tant sur le droit européen que sur la protection des droits des individus et les circonstances familiales dans le cadre des demandes d'asile.