Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. D... B...A..., un ressortissant espagnol, conteste un jugement du tribunal administratif de Lyon qui a confirmé l'arrêté du préfet du Rhône l'obligeant à quitter le territoire français et lui interdisant de circuler en France pour une durée de dix-huit mois. M. B...A... demande l'annulation de cette décision pour divers motifs, notamment un défaut de motivation, un atteinte disproportionnée à sa vie privée et familiale, et une erreur manifeste d'appréciation. La cour administrative d'appel rejette sa requête le 12 mars 2019, confirmant ainsi la légalité de l'arrêté préfectoral.
Arguments pertinents
1. Motivation insuffisante : M. B...A... soutient que l'arrêté du préfet est insuffisamment motivé en ne tenant pas compte de sa situation personnelle. La cour souligne que l'autorité administrative « doit tenir compte de l'ensemble des circonstances relatives à sa situation » (Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-3-1).
2. Durée de présence en France : Le requérant argue que sa présence en France depuis plus de trois mois le met à l'abri des mesures d'expulsion selon le même article. Toutefois, la cour rappelle que les dispositions légales ne subordonnent pas l'éloignement à cette condition.
3. Droit à la vie privée et familiale : M. B...A... évoque une atteinte disproportionnée à son droit au respect de la vie privée et familiale. La cour, en examinant les circonstances, conclut que les motivations du préfet étaient suffisantes et que l'expulsion était justifiée compte tenu des faits reprochés, notamment des agissements liés à des substances illicites.
4. Refus de délai de départ volontaire : Le requérant conteste également le refus d'un délai de départ volontaire. La cour estime que sa demande d'un délai ne repose pas sur des motifs suffisants, en se fondant sur les éléments de dangerosité pour l'ordre public.
5. Interdiction de circuler : Enfin, M. B...A... conteste l'interdiction de circuler sur le territoire français. Encore une fois, la cour considère cette décision comme proportionnée aux comportements contestés.
Interprétations et citations légales
Dans son analyse, la cour s'appuie sur le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-3-1, qui stipule que l'autorité administrative peut expulser un ressortissant de l'UE si son comportement constitue une menace « réelle, actuelle et suffisamment grave ». La décision repose sur une interprétation des circonstances de la situation de M. B...A..., sans que sa durée de présence en France ne limite l'application de la mesure.
La cour indique que l'incrimination d'un comportement lié à l'acquisition de résine de cannabis, reconnue par le requérant, constitue un élément suffisant pour justifier le maintien de l'arrêté, même si ce dernier reste présumé innocent jusqu'à jugement.
Quant au droit à la vie privée, la cour applique la portée de l'Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, en précisant que les mesures d'éloignement peuvent être justifiées par des préoccupations d'ordre public. En conclusion, elle estime que l'évaluation des risques liés à la sécurité publique a été adéquate et que l'arrêté du préfet était nécessaire et proportionné.
En somme, la cour rejette entièrement les arguments de M. B...A..., considérant que l'autorité administrative a agi dans le respect des dispositions légales et des droits de l'homme, tout en soulignant que les principes d'ordre public et de sécurité prévalent dans cette situation.