Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a été saisie d'une requête par le ministre de l'action et des comptes publics visant à annuler un jugement du tribunal administratif de Lyon qui avait prononcé la décharge de rappels de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour la SELARL Ulis, une société d'infirmiers. Le ministre soutenait que l'absence d'indépendance des employés de la SELARL Ulis empêchait cette société de bénéficier de l'exonération de TVA prévue par le code général des impôts. La cour a confirmé la décision du tribunal administratif, concluant que les prestations fournies par les infirmiers étaient des soins, exécutés par des professionnels qualifiés, et que l'administration fiscale n'était pas fondée à refuser le bénéfice de l'exonération.
Arguments pertinents
1. Conditions d'exonération : La cour a rappelé que pour bénéficier de l'exonération de TVA, selon l'article 261 du code général des impôts, il suffit que les prestations concernées soient des soins fournis par des personnes possédant les qualifications requises.
2. Indépendance professionnelle : Bien que l'administration ait invoqué le manque d'indépendance des infirmeries, la cour a noté que les infirmiers en question disposaient des qualifications nécessaires et étaient inscrits au tableau de l'ordre des infirmiers, remplissant ainsi les conditions d'exonération.
> "Il ne résulte pas de l'instruction que les intéressés n'assuraient pas un niveau de qualité équivalente à celle fournie par un infirmier exerçant à titre libéral ou que les intéressés auraient accompli des actes interdits aux infirmiers" (paragraphe 4).
3. Neutralité fiscale : La décision s’appuie également sur le principe de neutralité fiscale, soulignant qu'il ne peut être instauré d'exclusion d'une profession de l'exonération simplement sur la base des modalités d'exercice.
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 261 :
L'article stipule que les soins dispensés par des professions médicales et paramédicales sont exonérés de TVA, tant que certaines conditions de professionnalisme et de qualification sont remplies.
> "Sont exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée : (...) 4. (Professions libérales et activités diverses) : 1° Les soins dispensés aux personnes par les membres des professions médicales et paramédicales réglementées..." (article 261, CGIP).
2. Directives européennes : Les directives 77/388/CEE et 2006/112/CE précisent que l'exonération ne doit pas dépendre de la forme juridique de l'entité qui fournit les soins. C’est une question de reconnaissance des qualifications professionnelles et de la nature des prestations :
> "Il suffit qu'il soit satisfait à deux conditions, à savoir qu'il s'agisse de prestations médicales et que celles-ci soient fournies par des personnes possédant les qualifications professionnelles requises" (paragraphe 3).
3. Cour de justice de l'Union européenne : La cour a cité l'arrêt Kügler du 10 septembre 2002, lequel a établi que l'exonération de TVA pour les soins ne peut être refusée en raison des liens d'emploi des soins dispensés, tant que les conditions de qualité sont respectées.
En conclusion, la cour a statué que l'administration n'avait pas apporté de preuves suffisantes pour justifier le refus de l'exonération, confirmant ainsi le jugement de première instance en faveur de la SELARL Ulis.