Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A..., surveillant principal au centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone, a demandé, par l'intermédiaire du juge des référés du tribunal administratif de Montpellier, une provision de 14 400 euros pour réparer un préjudice lié à un accident survenu en mars 2019 et reconnu imputable au service. Par une ordonnance du 9 mars 2021, le juge des référés a accordé à M. A... une indemnité provisionnelle de 10 000 euros. Contestant cette décision, le garde des sceaux, ministre de la justice, a interjeté appel, soutenant que l'obligation de l'État n'était pas sérieusement contestable et que le montant de la provision était excessif. La Cour a rejeté la requête du garde des sceaux pour absence de fondement juridique et de précisions sur les arguments avancés.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit et contestation sérieuse : Le garde des sceaux soutenait que le juge des référés avait commis une erreur de droit en considérant l'obligation d'indemnisation comme sérieusement contestable, en vertu de l'article R. 541-1 du code de justice administrative.
- Citation pertinente : "Le juge des référés [...] a entaché son ordonnance d'une erreur de droit en jugeant que l'obligation dont se prévalait M. A... n'était pas sérieusement contestable."
2. Montant de l'obligation : Le ministre a également argué que le montant de 10 000 euros était excessif.
- Citation pertinente : "Le montant de l'obligation mise à sa charge est excessif."
3. Absence de mémoire complémentaire : La Cour a relevé que le garde des sceaux n'avait pas complété sa requête d'un mémoire complémentaire, bien que cela ait été demandé, ce qui a conduit à considérer la requête comme manifestement dépourvue de fondement.
- Citation pertinente : "Le garde des sceaux se borne à soutenir [...] sans assortir les moyens soulevés de la moindre précision permettant d'en apprécier le bien-fondé."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 541-1 du Code de justice administrative : Cet article se rapporte aux conditions d’urgence et de sérieux des obligations réclamées en référé. En l’espèce, le juge des référés a estimé que l’obligation de l'État envers M. A... ne pouvait pas être considérée comme sérieusement contestable, une appréciation qui a été prise en compte pour la décision de la Cour.
2. Article R. 222-1 du Code de justice administrative : Cet article permet aux présidents des cours administratives d'appel de rejeter des requêtes manifestement dépourvues de fondement.
- Citation pertinente : "Les présidents des cours administratives d'appel [...] peuvent [...] par ordonnance : rejeter [...] les requêtes d'appel manifestement dépourvues de fondement."
3. Notion de mauvaise foi dans la présentation des arguments : La Cour a mis en évidence que, passé le délai imparti pour la soumission de précisions, la requête ne remplissait pas les critères nécessaires de clarté et de robustesse, ce qui a déterminé son rejet. Cette interprétation souligne l’importance des exigences procédurales dans le cadre des litiges administratifs.
La décision de la Cour d'appel d'annuler la requête du garde des sceaux illustre ainsi l'importance de la rigueur juridique dans le cadre des recours et la nécessité de soutenir des arguments avec des éléments de preuve ou de raisonnement substantiels.