Résumé de la décision
La collectivité de Corse a interjeté appel d'une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Bastia, datée du 21 juillet 2021, qui lui a ordonné de verser une provision de 5 000 euros à M. B..., victime d'une chute à motocyclette sur la route départementale n° 368. La collectivité conteste cette décision en soutenant qu'il n'existe pas de lien de causalité entre l'ouvrage public et l'accident. La Cour a confirmé l'ordonnance du juge des référés, rejetant les arguments de la collectivité et concluant que la créance de M. B... était non sérieusement contestable. En outre, la collectivité a été condamnée à verser 2 000 euros à M. B... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Obligation de preuve de l'entretien normal: La Cour a relevé qu'il incombe à la collectivité de prouver qu'elle a assuré un entretien normal de la voie publique. En l'espèce, la collectivité de Corse n'a pas apporté d'éléments probants à cet égard. La Cour a affirmé que : « la collectivité de Corse ne rapporte pas la preuve de l'entretien normal de la voie publique ».
2. Caractère non sérieusement contestable de la créance: La Cour a considéré que la créance de M. B... était non sérieusement contestable, notamment en raison de sa période d'hospitalisation et des souffrances endurées suite à l'accident. Elle a jugé que « la créance que M. B... détenait sur la collectivité de Corse présentait un caractère non sérieusement contestable ».
3. Absence de comportement imprudent de la victime: La Cour a également noté qu'il n'existait aucune preuve d'un comportement imprudent de M. B... lors de l'accident, renforçant ainsi le fondement de sa demande d'indemnisation.
Interprétations et citations légales
L’ordonnance s’appuie sur des dispositions techniques du Code de justice administrative, en particulier :
- Code de justice administrative - Article R. 541-1 : Cet article permet au juge des référés d'accorder une provision au créancier lorsque l'existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. La mention précise de cet article souligne que la provision est justifiée même en l'absence d'une demande au fond, ce qui est confirmé par la décision de la Cour : « le juge des référés peut […] accorder une provision […] lorsque l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable ».
La décision démontre que pour engager la responsabilité administrative, il est indispensable de prouver le défaut d'entretien normal de la voie, ce qui doit être à la charge de la collectivité. Si elle échoue, comme dans ce cas, elle est susceptible d’être condamnée à verser une provision à la victime.