Résumé de la décision
La requête de la SARL Les Bastides, enregistrée le 16 décembre 2020, vise à annuler l'ordonnance du 18 mai 2020 par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de Nice a rejeté sa demande d'expertise sur l'état de deux fermes classées comme bâtiments remarquables à protéger dans le cadre du plan local d'urbanisme de la métropole Nice Côte d'Azur. La cour a confirmé la décision du juge des référés, considérant que l'expertise sollicitée n'avait pas d'utilité immédiate et que la société ne prouvait pas d'urgence particulière nécessitant cette mesure. En conséquence, la SARL Les Bastides a été condamnée à verser 1 000 euros à la métropole Nice Côte d'Azur au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Refus d'expertise : Le juge des référés a jugé que l'expertise demandée ne présentait pas d'utilité en l'état des dossiers, puisque elle ne fournirait pas d'éléments supplémentaires par rapport à ceux du litige en cours. Cela s’appuie sur le fait que le classement des fermes repose sur des critères culturels et historiques, et non seulement sur leur état physique.
> "Cette expertise, en partie rétroactive, ne présente pas de caractère d'utilité, dès lors qu'elle ne permettrait pas d'apporter des éléments d'appréciation différents ou supplémentaires par rapport à ceux figurant au dossier de fond."
2. Appréciation d'urgence : La cour a souligné qu'aucune circonstance d'urgence n’a été démontrée par la SARL Les Bastides, ce qui conditionne l'intervention du juge des référés.
> "La société requérante ne fait valoir aucune circonstance particulière, notamment d'urgence concernant les constatations auxquelles il conviendrait que l'expert procède."
3. Compétence du juge du fond : La décision rappelle que le juge du fond a le pouvoir d'ordonner des expertises selon les besoins qu'il identifie au cours de l'examen du litige, renforçant l'idée que les juges des référés ne doivent pas se substituer à cette compétence.
> "Il appartient au juge du fond d'ordonner toute expertise avant dire droit sur les points qu'il estimerait utile de préciser."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 532-1 du code de justice administrative : cet article autorise les juges des référés à prescrire des mesures d'expertise, mais conditionne cette possibilité à leur utilité, ce que la cour a clairement précisé.
> "Le juge des référés peut, sur simple requête (...) prescrire toute mesure utile d'expertise ou d'instruction."
2. Article L. 555-1 du code de justice administrative : il confère au président de la cour administrative d'appel la compétence pour statuer sur les appels contre les décisions du juge des référés. La cour a affirmé sa compétence pour juger les appels formés contre l'ordonnance.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : cet article impose aux parties perdantes de supporter les frais de justice, ce qui a conduit la cour à condamner la SARL Les Bastides à verser une somme à la métropole.
> "Il y a lieu... de mettre à la charge de la SARL Les Bastides la somme de 1 000 euros au titre des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En résumé, cette décision illustre la manière dont les juges des référés évaluent l'utilité des mesures d'instruction en lien avec la compétence du juge du fond, tout en tenant compte de l'urgence des situations soulevées.