Résumé de la décision
M. B..., ressortissant algérien, a interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Marseille qui avait rejeté ses demandes d'annulation d'arrêtés préfectoraux, notamment un refus de titre de séjour et une obligation de quitter le territoire français. La cour a d'abord annulé le jugement attaqué en raison de l'irrégularité procédurale (le jugement ayant été rendu par un magistrat isolé alors qu'il aurait dû être jugé par une formation collégiale). Cependant, la cour a rejeté les conclusions de M. B... sur le fond, considérant que le refus de titre de séjour était justifié et que la durée de l'interdiction de retour de trois ans n'était pas excessive.
Arguments pertinents
1. Irrégularité du jugement précédent : La cour a souligné que, conformément à l'article R. 776-17 du code de justice administrative, les conclusions visant l'annulation d'une décision relative au séjour accompagnée d'une obligation de quitter le territoire devaient être traitées par une formation collégiale. En conséquence, le jugement attaqué a été annulé en ce qu'il statuait sur ces conclusions.
> "Par suite, en tant qu’il rejette ces conclusions, le jugement attaqué doit être annulé."
2. Motivation des décisions administratives : La cour a constaté que l'arrêté du préfet avait été signée par une personne ayant reçu une délégation de signature, répondant ainsi aux exigences de légalité administrative. Les moyens soulevés par M. B... à cet égard ont été jugés non fondés.
> "Il ressort des mentions de l'arrêté contesté qu'il a été signé par Mme Agnès E..., secrétaire générale de la préfecture des Hautes-Alpes, de sorte qu'il répond aux exigences fixées par l'article L. 121-1 du code des relations entre le public et l'administration."
3. Évaluation du risque de fuite : Le préfet a agi dans son droit en concluant à un risque de fuite, fondé sur des éléments antérieurs concernant M. B..., bien que ce dernier ne parvienne pas à prouver des circonstances atténuantes pour justifier une demande de délais.
> "En se bornant à soutenir, sans d’ailleurs l’établir, qu’il exerce une activité professionnelle en France, M. B... ne fait pas état de circonstances particulières faisant obstacle à ce qu’un risque de fuite soit caractérisé."
4. Durée de l'interdiction de retour : Concernant la durée de l'interdiction de retour, la cour a estimé que celle-ci était justifiée dans les circonstances particulières de l'affaire, notamment au titulairement d'une absence de charges de famille et d'une précédente soustraction à une mesure d'éloignement.
> "Dans ces conditions, et alors même qu'il ne représenterait pas une menace pour l'ordre public, le préfet n'a pas commis d'erreur d'appréciation..."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 776-17 du Code de justice administrative : Cet article stipule que les recours contre les décisions relatives au droit de séjour doivent être jugés par une formation collégiale lorsque l'étranger est en instance de rétention ou assigné à résidence. Cet article a conduit la cour à annuler le jugement en première instance.
> "Lorsque le requérant a formé des conclusions contre la décision relative au séjour notifiée avec une obligation de quitter le territoire, la formation collégiale demeure saisie de ces conclusions..."
2. Article L. 121-1 du Code des relations entre le public et l'administration : Cet article exige que les décisions administratives soient motivées et signées ou déléguées par une personne habilitée, ce qui a été confirmé par la cour.
> "Il répond aux exigences fixées par l'article L. 121-1 du code des relations entre le public et l'administration."
3. Article L. 511-1 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile :Cet article autorise l'administration à imposer une obligation de quitter le territoire si un risque de fuite est établi. La cour a considéré que M. B..., ayant déjà fui, entre dans les cas prévus par cet article.
> "S'il existe un risque que l'étranger se soustraie à cette obligation [...] si l'étranger s'est soustrait à l'exécution d'une précédente mesure d'éloignement."
Ces éléments démontrent la rigueur avec laquelle la juridiction administrative évalue les décisions des préfectures et les droits des