Résumé de la décision
M. G..., conseiller municipal de Saint-Paul-de-Vence, a fait appel d'un jugement du tribunal administratif de Nice qui avait rejeté sa demande d'annulation d'une délibération du conseil municipal concernant le budget de 2016. Il prétendait que des élus ayant voté s'étaient rendus coupables de prise illégale d'intérêts en approuvant des subventions à des associations où ils occupaient des postes. La Cour a rejeté la requête de M. G..., considérant que la participation des élus concernés ne vicié pas la légalité de la délibération, et a également rejeté les conclusions de la commune pour le remboursement des frais engagés par M. G... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Participation des élus et intérêt public : La Cour a analysé si les membres du conseil municipal qui ont voté sur le budget avaient un intérêt personnel, distinct de celui des habitants. Selon l'article L. 2131-11 du code général des collectivités territoriales, "Sont illégales les délibérations auxquelles ont pris part un ou plusieurs membres du conseil intéressés à l'affaire qui en fait l'objet." La Cour a conclu que l'implication des membres des associations mentionnées ne les rendait pas intéressés au sens de la loi, car leurs objectifs se confondent avec les intérêts de la généralité des habitants.
2. Poids du vote : La Cour a soutenu que, même si les élus en question étaient associés à des associations bénéficiant de subventions, leur vote n'a pas été déterminant dans l'adoption de la délibération, votée à une large majorité (26 voix pour sur 27 exprimées). Ainsi, cette participation ne suffisait pas pour entacher la légalité de la délibération.
3. Inapplicabilité de l'article pénal : M. G... a tenté de faire valoir les dispositions de l'article 432-12 du code pénal sur la prise illégale d'intérêts, mais la Cour a clairement indiqué que l'application de cet article ne pouvait affecter la légalité de la délibération contestée.
Interprétations et citations légales
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 2131-11 : Cet article stipule que la participation au vote d'un membre du conseil municipal qui a un intérêt particulier dans l'affaire vote peut entacher la légalité de la délibération. La Cour a interprété cette disposition comme visant à protéger l'intérêt général, concluant que les membres intervenants dans le vote n’avaient pas d'intérêt personnellement distinct de celui des citoyens, car ils représentaient des associations d’intérêt public.
- Code pénal - Article 432-12 : Bien que M. G... se soit référé à cet article pour argumenter que la prise d'intérêts était manifeste, la Cour a précisé que l'infraction pénale ne remettait pas en cause la légalité de la délibération en question, sa décision se fondant principalement sur les attentes juridiques des articles portant sur le fonctionnement des collectivités territoriales.
En somme, la décision de la Cour de rejeter la demande de M. G... s'appuie sur la distinction entre les intérêts personnels et l'intérêt public, tout en tenant compte du fait que la majorité des votes suffisait à valider la délibération litigieuse.