Résumé de la décision
Dans cette affaire, la SCI Guglielmo 2000 a demandé au tribunal administratif de Bastia d'annuler la décision implicite de rejet du préfet de la Corse-du-Sud concernant sa demande de délimitation du domaine public maritime sur certaines parcelles dont elle est propriétaire sur l'île de Cavallo. Le tribunal a donné raison à la SCI, en annulant la décision du préfet et lui enjoignant de procéder à la délimitation dans un délai de six mois. Le ministre de l'environnement a alors contesté ce jugement en appel.
La Cour d'appel a annulé le jugement du tribunal administratif, soutenant que le ministre était fondé à se prévaloir d'un arrêté du 10 mars 1980, constatant déjà l'incorporation des lais et relais de la mer dans le domaine public maritime, ce qui justifiait le refus de la demande de la SCI. La cour a également rejeté les demandes pour le remboursement des frais engagés par la SCI.
Arguments pertinents
1. Pouvoir de l’autorité administrative : La Cour a affirmé que c'est à l'autorité administrative d'opérer la délimitation du domaine public maritime, sous contrôle judiciaire. Les riverains ont le droit d'exiger cette action, sans qu'il existe de motif d'opportunité qui puisse justifier un refus.
- « ... aucune disposition législative ou réglementaire ne confère à l'administration le pouvoir de refuser de procéder à cette délimitation pour des motifs d'opportunité. »
2. Incorporation au domaine public maritime : Le ministre a introduit pour la première fois en appel un arrêté datant de 1980 affectant la plage en question. La SCI n'a pas contesté la légalité de cet arrêté.
- « ...le nouveau motif invoqué par le ministre de l'environnement tiré de l'incorporation au domaine public maritime des lais et relais de la mer... est de nature à fonder légalement le refus en litige. »
3. Droit au remboursement : En vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, la cour a décidé qu'il n'y avait pas lieu d'accorder le remboursement des frais engagés par la SCI puisque l'Etat, en tant que partie non perdante, n'était pas tenu à cette obligation.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs articles de lois ont été interprétés et appliqués :
1. Code général de la propriété des personnes publiques - Article L. 2111-5 : Cet article stipule que les limites du rivage doivent être constatées par l'État sur la base d'observations ou de procédés scientifiques. La cour a confirmé le rôle central de l'administration dans la délimitation et a noté que cela doit être fait de manière proactive pour répondre aux préoccupations des riverains.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article a été utilisé pour justifier le rejet de la demande de la SCI concernant le remboursement de ses frais. La décision a souligné que seul un État perdant dans le cadre du litige pourrait être tenu de payer des frais.
- « Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine... »
3. Examen des refus administratifs : La décision a également mis en avant le principe selon lequel les refus de l'administration doivent être justifiés par des motifs légaux, ce qui protège les droits des citoyens.
- « ...il ne suffit pas que l’administration refuse d’accéder à la demande pour qu’il y ait lieu de considérer que sa décision est fondée. »
Ces éléments mettent en lumière le cadre juridique autour du domaine public maritime, les droits des riverains, et les prérogatives de l’administration dans ce domaine. La décision illustre également comment la jurisprudence peut établir des précédents et imposer une obligation d'agir à l'administration.