Résumé de la décision
Dans cette affaire, le préfet du Rhône a fait appel d'un jugement du tribunal administratif de Nancy qui avait annulé ses décisions du 27 avril 2018, qui obligeaient Mme B..., une ressortissante malgache devenue étudiante en France, à quitter le territoire français. Le tribunal avait fondé son annulation sur l'appréciation des conséquences personnelles de cette obligation de quitter le territoire. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, considérant que le préfet avait commis une erreur manifeste dans l'évaluation des conséquences de sa décision sur la situation personnelle de Mme B..., notamment du fait de son parcours académique.
Arguments pertinents
1. Situation de la demande de titre de séjour : La cour estime qu'il était établi que Mme B... avait omis de renouveler son titre de séjour et s'était maintenue sur le territoire français illégalement, ce qui aurait pu justifier la décision du préfet. Cependant, cela n’a pas suffi à justifier l’éloignement à la lumière des conséquences personnelles.
2. Parcours académique : La cour souligne l’importance du parcours universitaire de Mme B..., qui avait validé un master avant de s’inscrire à un DUT. Elle note que "la mesure d'éloignement aurait inévitablement pour effet d'interrompre" ce parcours, ce qui constitue une erreur manifeste dans l’appréciation des conséquences de la décision prise par le préfet.
Interprétations et citations légales
1. Application de l’article L. 511-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) - Article L. 511-1 : Cet article permet à l'autorité administrative d'obliger un étranger à quitter le territoire français s'il n'a pas renouvelé son titre de séjour et est resté sur le territoire à l'expiration de ce dernier.
- La cour a reconnu que Mme B... était dans la situation décrite par le 4° de l’article, mais a mis en avant que la décision du préfet ne prenait pas suffisamment en compte les conséquences sur son parcours personnel.
2. Erreur manifeste d’appréciation :
- La cour conclut que, malgré le droit du préfet d’agir, "il a commis une erreur manifeste dans l'appréciation des conséquences" de sa décision sur la vie de Mme B..., soulignant que les décisions administratives doivent aussi respecter les droits individuels des personnes concernés, en particulier celles engagées dans des parcours d'étude en France.
3. Sur les conclusions en dommage et intérêts :
- La cour a également jugé que, dans ce contexte particulier, il n’y avait pas lieu de faire droit aux conclusions de Mme B... demandant une somme à l'État, se basant sur des dispositions légales (articles L. 761-1 et 37 de la loi du 10 juillet 1991), car les circonstances ne le justifiaient pas.
Conclusion
Ainsi, la cour a rejeté la requête du préfet du Rhône tout en confirmant l’annulation de la décision le concernant, insistant sur la nécessité d'une analyse approfondie des conséquences sur la vie des personnes concernées par de telles mesures administratives, tout en tenant compte des textes législatifs applicables.