Résumé de la décision :
Cette décision concerne un litige entre Mme A... C..., ancienne employée de la société Brake France Service (devenue Sysco France), et cette dernière, suite à la contestation d’un avis médical d’aptitude. Mme C... avait été licenciée après avoir refusé deux propositions de reclassement après une déclaration d’aptitude du médecin du travail, conditionnée à son impossibilité de travailler à Jarny. Après son licenciement, elle a contesté l'avis du médecin du travail, lequel a été annulé par l’inspecteur du travail, décision elle-même annulée par le ministre du travail. Le tribunal administratif de Nancy a ensuite annulé cette dernière décision du ministre, décision qui est confirmée en appel. La société Sysco France est condamnée à verser une somme à Mme C... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
1. Erreur de droit dans la décision du ministre :
Le ministre du travail a considéré que le licenciement de Mme C... était pour un motif étranger à son aptitude médicale, entraînant la nullité de la décision de l'inspecteur du travail. La cour a infirmé ce point en statuant que le licenciement était en réalité motivé par le refus de reclassement suite à l'avis du médecin du travail. Ainsi, la contestation de Mme C... avait bien un objet, ce qui rendait inappropriée la décision du ministre :
> "Dans ces conditions, en considérant que la contestation de Mme C... était dépourvue d'objet [...] le ministre chargé du travail a commis une erreur de droit."
2. Droit des salariés à contester les avis médicaux :
La cour a souligné que les salariés ont le droit de contester l’avis d’aptitude d’un médecin du travail même après leur licenciement, renforçant ainsi la protection des droits des travailleurs en matière de santé au travail :
> "la contestation, présentée par un salarié devant l'inspecteur du travail [...] peut être introduite après que le licenciement du salarié déclaré inapte a pris effet."
Interprétations et citations légales :
1. Code du travail - Article L. 1226-2 :
Cet article stipule que lorsque le médecin du travail déclare un salarié inapte, l'employeur doit lui proposer un autre poste approprié. Dans ce cas, le refus de la salariée d’accepter les postes proposés a été perçu comme un acte pouvant justifier son licenciement, mais la cour a contredit cette interprétation en confirmant que le licenciement était basé sur une mauvaise évaluation de son aptitude médicale.
2. Code du travail - Article L. 4624-1 :
Cet article précise que le médecin du travail peut fournir des recommandations concernant la santé des travailleurs, et en cas de conflit, l’inspecteur du travail est saisi :
> "Le médecin du travail est habilité à proposer des mesures individuelles telles que mutations ou transformations de postes, justifiées par des considérations relatives notamment à l'âge, à la résistance physique ou à l'état de santé physique et mentale des travailleurs."
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 :
Ce texte régit les frais de justice et précise que la partie perdante doit indemniser la partie gagnante. La cour a jugé que Mme C... n'était pas la partie perdante, et a donc condamné la société Sysco à payer des frais à Mme C... :
> "Ces dispositions font obstacle à ce que soit mise à la charge de Mme C..., qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance, la somme demandée par la société Sysco."
Cette décision met en lumière les droits des employés face aux décisions médicales concernant leur aptitude à travailler et rappelle que les motifs de licenciement doivent être scrupuleusement liés à la situation d'aptitude au poste.