Résumé de la décision
Mme B...F...D..., ressortissante togolaise, a demandé l'annulation d'une décision lui refusant un visa de long séjour en France, en se prévalant de sa situation d'enfant à charge d'une ressortissante française, sa mère. Après un rejet en première instance par le tribunal administratif de Nantes, elle a formé appel. La cour a rejeté sa demande, considérant qu'elle ne justifiait pas de sa dépendance financière à l'égard de sa mère, en dépit des sommes versées par celle-ci.
Arguments pertinents
1. Légitimité de l'autorité compétente : La cour rappelle que l'autorité compétente peut refuser un visa si le demandeur ne peut pas être considéré comme à la charge de son ascendant, ce qui est le cas lorsque le demandeur a des ressources propres ou que le parent ne contribue pas régulièrement à ses besoins. La cour indique : « l'autorité compétente peut légitimement fonder sa décision de refus sur la circonstance que le demandeur ne saurait être regardé comme étant à la charge de son ascendant dès lors qu'il dispose de ressources propres. »
2. Absence de preuve de prise en charge : La cour constate que Mme D... ne prouve pas qu'elle était à la charge de sa mère, malgré ses déclarations concernant des virements. Le rapport fait état d'un emploi antérieur et d'autres activités rémunératrices qui n'ont pas été suffisamment clarifiées pour établir une non-indépendance financière. Elle est absente de preuves concrètes concernant ses revenus, ce qui nuit à son argumentation : « Mme D..., qui n'apporte aucun élément de nature à établir le montant tiré de ses différentes activités professionnelles, n'établit pas que les fonds perçus de sa mère étaient destinés à la prendre en charge. »
Interprétations et citations légales
La décision de la cour repose sur des interprétations des articles du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, ainsi que sur le Code de justice administrative.
1. Condition de prise en charge : L'interprétation de la prise en charge par un ascendant est cruciale. Comme indiqué, l’autorité administrative peut considérer qu'une personne ne peut être à la charge d'un parent à condition d'avoir des ressources suffisantes ou lorsque le parent ne pourvoit pas à ses besoins.
2. Usage du Code de justice administrative : Bien que Mme D... n'ait pas obtenu gain de cause, elle était en droit de demander des dommages-intérêts au titre de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative. Toutefois, ce fondement a été rejeté car la cour a estimé qu'aucune situation justifiant une telle demande ne prévalait.
Citations directes des textes
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile – Article relatif à la prise en charge par un parent.
- Code de justice administrative – Article L. 761-1 : « Les frais exposés par une partie ne peuvent pas être mis à la charge de l'État que si la partie a été entièrement déboutée ou si cette mise à charge est justifiée par des circonstances particulières. »
En conclusion, la décision de la cour illustre l'importance des éléments de preuve dans la détermination de la qualité d'enfant à charge, ainsi que le rôle limité de l'État dans l’octroi de visas basé sur des déclarations non étayées.