Résumé de la décision :
M. B..., ressortissant guinéen, a appelé devant la cour suite au rejet de sa demande de visa de long séjour par la commission de recours contre les refus de visa d'entrée en France. Sa requête visait à annuler le jugement du tribunal administratif de Nantes qui avait confirmé ce refus. M. B... a soutenu que la décision contestée contenait une erreur manifeste d'appréciation, en raison du dysfonctionnement des services d'état civil en Guinée et des troubles politiques dans le pays. Il a également fait valoir que sa relation conjugale avec Mme D...B... et la filiation avec leur fille Fatoumata étaient établies par possession d'état. La cour a finalement rejeté sa requête, confirmant le jugement de première instance.
Arguments pertinents :
1. Incohérence des documents d'état civil : La cour a constaté que les documents présentés par M. B... comportaient de nombreuses incohérences, les rendant inauthentiques. Ainsi, la décision de la commission de recours était justifiée : "la circonstance alléguée du dysfonctionnement des services d'état civil guinéen... n'est pas de nature à établir... une erreur d'appréciation".
2. Preuve de la filiation : La cour a rappelé que la filiation doit être prouvée selon les règles de la loi personnelle applicable. Dans ce cas, la loi guinéenne ne reconnaissait pas la possession d'état comme preuve valide de filiation. La cour a ainsi affirmé : "la preuve de la filiation entre le requérant et la jeune F...B...au moyen de la possession d'état ne peut être accueillie que si... cette possession d'état est continue, paisible, publique et non équivoque".
3. Lien matrimonial : La cour a précisé que la possession d'état ne peut se substituer à la preuve d'un mariage. Conformément à l'article 195 du Code civil, "la possession d'état ne pourra dispenser les prétendus époux qui l'invoqueront respectivement, de représenter l'acte de célébration du mariage devant l'officier de l'état civil".
Interprétations et citations légales :
1. Vérification des actes d'état civil : La vérification des actes d'état civil étrangers est régie par l'article L. 111-6 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, ainsi que par l'article 47 du Code civil - "Tout acte de l'état civil des Français et des étrangers fait en pays étranger... fait foi, sauf si d'autres éléments établissent... que cet acte est irrégulier, falsifié ou que les faits qui y sont déclarés ne correspondent pas à la réalité".
2. Filiation et possession d'état : Selon l'article 311-14 du Code civil, "la filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant...". L'article 310-3 précise que "la filiation se prouve par l'acte de naissance de l'enfant...". L'interprétation de ces articles implique que M. B... ne peut pas établir le lien de filiation par possession d'état, dans la mesure où cette preuve doit être acceptée selon les règles de droit guinéennes, qui ne l'admettent pas.
3. Preuve du mariage : Comme indiqué dans le jugement, pour établir un lien matrimonial, il est nécessaire de prouver le mariage auprès de l’officier d’état civil, ce qui est exigé par le Code civil - Article 195, ce qui signifie que la possession d'état ne peut suffire, renforçant ainsi le besoin de documents officiels pour prouver le mariage.
Ces éléments montrent que la cour a soigneusement examiné les arguments présentés par M. B... et a appliqué rigoureusement les dispositions légales pertinentes pour aboutir à sa décision.