Résumé de la décision
M. E... a demandé au garde des sceaux, ministre de la justice, de substituer son nom, qui est celui de sa mère, par celui de son père, "D...". Sa demande a été rejetée par le ministre le 10 avril 2018. M. E... a ensuite contesté cette décision devant le tribunal administratif de Paris, qui a également rejeté sa demande par ordonnance du 28 août 2018. M. E... a fait appel de cette ordonnance. La cour a confirmé le rejet de sa requête, considérant qu'il n'avait pas justifié d'un intérêt légitime au sens de l'article 61 du code civil pour changer de nom.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la requête : Le ministre a soutenu que la requête était irrecevable, en raison de l'absence de moyens présentés en première instance et de critiques de l'ordonnance attaquée. Cependant, la cour a décidé de ne pas examiner ces fins de non-recevoir, se concentrant sur le fond de la demande.
2. Intérêt légitime : M. E... a fait valoir qu'il avait un intérêt légitime à changer de nom, en raison de son lien de filiation avec son père, qu'il souhaite renforcer. Toutefois, la cour a estimé que les motifs invoqués ne revêtaient pas un caractère exceptionnel, et n'étaient pas suffisants pour justifier un changement de nom. La cour a déclaré : "les circonstances invoquées ne revêtent pas un caractère exceptionnel et ne sauraient donc constituer l'intérêt légitime requis par les dispositions précitées de l'article 61 du code civil".
Interprétations et citations légales
1. Article 61 du Code civil : Cet article stipule que "toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom". La cour a interprété cet article en soulignant que des motifs d'ordre affectif peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, constituer un intérêt légitime. Cependant, elle a précisé que M. E... n'avait pas démontré de difficultés ou de souffrances résultant du port de son nom actuel, ce qui est essentiel pour établir un intérêt légitime.
2. Principes de dévolution et de fixité du nom : La cour a rappelé que le changement de nom est soumis à des principes de dévolution et de fixité, établis par la loi. Elle a conclu que M. E... n'avait pas réussi à prouver que sa situation justifiait une dérogation à ces principes.
En somme, la décision de la cour repose sur une interprétation stricte de l'article 61 du Code civil, en insistant sur la nécessité d'un intérêt légitime exceptionnel pour justifier un changement de nom, ce qui n'a pas été démontré dans le cas de M. E....