Résumé de la décision
M. D..., un ressortissant malien, a contesté deux arrêtés du préfet de police du 7 juin 2018, qui lui imposaient de quitter le territoire français et l'interdisaient de retour pour une durée de douze mois. Après le rejet de sa demande par le tribunal administratif de Melun, M. D... a fait appel, soutenant que les décisions méconnaissaient ses droits selon la Convention européenne des droits de l'homme et le code de l'entrée et du séjour des étrangers. La cour a rejeté sa requête, considérant que les arguments avancés n'étaient pas fondés.
Arguments pertinents
1. Droit à un procès équitable : M. D... a soutenu que le jugement violait l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme en raison de difficultés de communication avec son avocat et du refus de reporter l'audience. La cour a estimé que ces difficultés n'étaient pas établies et que le juge n'avait pas d'obligation de reporter l'audience sans motifs exceptionnels. La cour a conclu que le moyen était inopérant.
> "Le juge, auquel il incombe de veiller à la bonne administration de la justice, n'a aucune obligation... de faire droit à une demande de report de l'audience formulée par une partie."
2. État de santé et droit au séjour : M. D... a affirmé qu'il avait droit à un titre de séjour de plein droit en raison de son état de santé, selon l'article L. 313-11 du code de l'entrée et du séjour des étrangers. La cour a noté qu'il n'a pas prouvé que son état nécessitait une prise en charge médicale en France à la date de l'arrêté.
> "Il ne ressort d'aucune pièce du dossier qu'à la date du 7 juin 2018... son état de santé nécessitait une prise en charge médicale dont le défaut aurait pu entraîner pour lui des conséquences d'une exceptionnelle gravité."
3. Droit au respect de la vie privée et familiale : M. D... a invoqué l'article 8 de la Convention, mais la cour a jugé qu'il n'avait pas établi de liens familiaux stables en France, étant célibataire et sans charge de famille.
> "Il n'établit pas être dépourvu d'attaches familiales au Mali, pays dont il est ressortissant."
4. Risques en cas de retour au Mali : Concernant l'article 3 de la Convention, M. D... a affirmé que sa vie serait menacée au Mali, mais la cour a noté qu'il n'a pas fourni d'éléments probants sur les risques personnels qu'il encourrait.
> "M. D... ne produit devant la Cour aucun élément permettant d'établir la réalité des risques auxquels il serait personnellement exposé en cas de retour dans son pays."
Interprétations et citations légales
1. Article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme : Cet article garantit le droit à un procès équitable. La cour a interprété que le refus de reporter l'audience ne constituait pas une violation, car aucune difficulté de communication n'a été prouvée.
2. Article L. 313-11 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Cet article stipule les conditions dans lesquelles un étranger peut obtenir un titre de séjour pour des raisons de santé. La cour a souligné que M. D... n'a pas démontré que son état de santé nécessitait une prise en charge médicale en France à la date de l'arrêté.
3. Article 8 de la Convention : La cour a précisé que pour invoquer une atteinte à la vie privée et familiale, l'individu doit prouver l'existence de liens familiaux stables en France, ce qui n'était pas le cas pour M. D....
4. Article 3 de la Convention : La cour a rappelé que la charge de la preuve incombe à la personne qui allègue des risques en cas de retour dans son pays d'origine, ce que M. D... n'a pas réussi à faire.
En conclusion, la cour a rejeté la requête de M. D..., considérant que ses arguments n'étaient pas fondés et que les décisions du préfet de police étaient conformes aux exigences légales et conventionnelles.