Résumé de la décision
M. C... B..., né le 13 mai 1988, a demandé en juin 2011 à changer de nom afin d'y adjoindre le nom de son père, De Albuquerque. Cette demande a été rejetée par le garde des sceaux le 16 janvier 2014. M. B... a contesté ce refus et, par un jugement du 2 octobre 2015, le tribunal administratif de Paris a annulé cette décision. Le garde des sceaux a alors formé appel de ce jugement. La Cour a finalement rejeté l'appel du ministre, confirmant que M. B... justifiait d'un intérêt légitime pour le changement de nom et a condamné l'État à verser 1 500 euros à M. B... pour ses frais de procédure.
Arguments pertinents
La Cour a fondé sa décision sur plusieurs arguments juridiques significatifs :
1. Intérêt légitime pour le changement de nom : La Cour se réfère à l'article 61 du Code civil, qui stipule que "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom". La Cour a reconnu que des motifs d'ordre affectif peuvent constituer un intérêt légitime lorsque les circonstances l'exigent.
2. Circonstances exceptionnelles : Il a été établi que M. B... avait un lien affectif profond avec son père, malgré les circonstances de reconnaissance tardive et le fait que M. D... et la mère de M. B... ne se soient mariés qu'après la naissance de celui-ci. Malgré l'absence de certificat médical à l’appui de troubles psychologiques, la Cour a pris en considération les témoignages exprimant le désir partagé du père et du fils de porter le même nom.
3. Refus inapproprié du ministre : La Cour a conclu que le garde des sceaux avait fait une "inexacte application" de l'article 61 du Code civil en refusant la demande de changement de nom.
Interprétations et citations légales
L’analyse de la décision s’articule autour de l’interprétation de l’article 61 du Code civil et de ses implications :
- Code civil - Article 61 : Cet article précise que "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom". Sa lecture a abouti à la conclusion que des motifs affectifs, en l’espèce la volonté de M. B... d’honorer la mémoire de son père décédé et de partager son patronyme, peuvent constituer un intérêt légitime.
En outre, le refus du garde des sceaux de reconnaître cet intérêt a été jugé comme une violation des principes établis dans la loi. La Cour a ainsi estimé que l’absence de déclaration conjointe des parents pour une substitution de nom ne devait pas priver M. B... d'un motif légitime au sens des dispositions de l'article 61. Cela démontre une approche souple de la Cour, qui a tenu compte des réalités familiales et des liens affectifs, tout en prenant en considération les situations atypiques qui peuvent se présenter dans les demandes de changement de nom.
En résumé, la décision a mis en lumière l'importance de l'examen des circonstances individuelles dans l'application des règles régissant le changement de nom, selon une interprétation large et humaine de l'intérêt légitime tel que décrit par le Code civil.