Résumé de la décision
M. D... a demandé l'annulation de deux décisions du garde des sceaux, ministre de la justice, qui avaient rejeté sa demande de changement de nom pour substituer son nom actuel par celui de "B...", celui-ci étant porté par son grand-père paternel. Le tribunal administratif de Paris a également rejeté cette demande par un jugement du 18 juin 2020. M. D... a interjeté appel de ce jugement. La cour a finalement accueilli sa demande, annulent les décisions précédentes, enjoignant au garde des sceaux de réexaminer la demande dans un délai de trois mois, tout en condamnant l'État à verser une indemnité d'honoraires à l'avocat de M. D....
Arguments pertinents
1. Intérêt légitime pour changer de nom : La Cour a souligné que M. D... justifiait d'un intérêt légitime à changer de nom en raison de ses origines familiales. Il faisait état de circonstances exceptionnelles qui justifiaient cette demande, ce qui pourrait déroger aux principes habituels de fixité du nom.
2. Composition et interprétation de la décision : La Cour a fondé son appréciation sur le fait que les pièces fournies par M. D... lors de l'instance n'avaient pas été examinées par l'administration, ce qui suggère qu'une erreur d'appréciation a eu lieu. La cour a noté que "les pièces produites... sont de nature, en l’état de l’instruction, à établir la véracité du récit de ses origines familiales."
Interprétations et citations légales
1. Changement de nom : Selon le Code civil - Article 61, "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom." Ce passage établit le cadre légal permettant la modification du nom, en mentionnant que cela peut s’appliquer pour éviter l'extinction d'un nom familial.
2. Motifs affectifs comme exception : La décision de la Cour introduit également l'idée que "des motifs d'ordre affectif peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, caractériser l'intérêt légitime." Cela crée une sorte de flexibilité dans l'application de la loi, invitant à une appréciation plus humaine et moins rigide des demandes de changement de nom.
3. Raccord et délai de réexaminer : En vertu de l’article L. 911-2 du Code de justice administrative, "lorsque sa décision implique nécessairement une nouvelle décision après une nouvelle instruction", il est stipulé qu'une nouvelle décision doit être prise dans un délai déterminé. Ici, la Cour a imposé un délai de trois mois pour que le ministre prenne une nouvelle décision, ce qui souligne l'engagement de la justice administrative à veiller sur la conformité des décisions avec les droits des citoyens.
En résumé, la décision de la Cour révèle une approche équilibrée entre les strictes exigences du cadre légal concernant le changement de nom et une prise en compte des éléments humains et contextuels qui peuvent influencer ces demandes.