Résumé de la décision
M. B..., citoyen bangladais, a été interpellé et placé en garde-à-vue le 13 février 2019. Suite à cela, un arrêté du préfet de police daté du 14 février 2019 lui imposait une obligation de quitter le territoire français. M. B... a contesté cette décision devant le tribunal administratif, mais sa demande a été rejetée le 3 mai 2019. En appel, M. B... a soulevé plusieurs arguments, notamment une méconnaissance de son droit d'être entendu. La Cour a annulé le jugement et l'arrêté, concluant que M. B... n'avait pas été en mesure de faire entendre ses observations avant la prise de la décision d'éloignement.
Arguments pertinents
1. Droit d'être entendu : La Cour a considéré que le préfet de police avait violé le droit fondamental de M. B... à être entendu avant la prise de la décision d'éloignement. Elle a expliqué que ce droit implique que l'autorité administrative doit permettre à l'individu de présenter des observations écrites et de formuler des observations orales si cela est demandé.
Citation pertinente : "Il n'a pas ainsi été mis en mesure de faire connaître ses observations et d'apporter à l'administration toutes les précisions qu'il jugeait utiles avant l'intervention de la décision contestée."
2. Inadéquation de l'interrogatoire : La Cour a noté que les questions posées à M. B... lors de son audition par la police ne portaient que sur les faits de travail dissimulé et non sur sa situation personnelle ou ses conditions d’entrée et de séjour en France. Cela a entravé sa capacité à défendre ses intérêts et à faire valoir des arguments pertinents contre l'éloignement.
Citation pertinente : "L'intéressé n'a, à aucun moment, été interrogé sur les conditions de son entrée et de son séjour en France, ni sur sa situation personnelle."
Interprétations et citations légales
1. Principes généraux du droit : La Cour rappelle que le respect des droits de la défense est un principe fondamental en matière administrative, et l'autorité préfectorale, avant de prendre une décision d'éloignement, doit respecter cette obligation.
Référence légale : Cette interprétation s'appuie sur le principe général du droit de l'Union européenne qui est lié à la protection des droits fondamentaux.
2. Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne : Bien que M. B... ait évoqué une violation de l'article 41 de cette Charte, la Cour a précisé que ce dernier ne s'adresse pas aux organes de l'État, mais que le droit d'être entendu est un principe général qui doit être respecté. La charte est néanmoins une référence essentielle pour les droits des individus en matière administrative.
Citation légale : "Si le moyen tiré de la violation de l'article 41 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne est inopérant, dès lors qu'il résulte de la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne que cet article ne s'adresse qu'aux organes et aux organismes de l'Union."
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : En ce qui concerne les frais de justice, la décision a également estimé qu'il était juste d’indemniser M. B..., ce qui a conduit à la mise à la charge de l'État d'une somme de 500 euros.
Citation légale : "Il y a lieu de mettre à la charge de l'État la somme de 500 euros à verser à M. B... sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
Cette décision souligne l'importance du respect des droits procéduraux et des principes fondamentaux en matière de droit administratif, notamment en ce qui concerne les procédures d'éloignement des étrangers.