Résumé de la décision :
Dans cette affaire, Mme D..., éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse, a contesté une ordonnance du tribunal administratif de Montreuil qui avait prononcé un non-lieu à statuer sur ses conclusions indemnitaires en raison d’un arrêté de la garde des sceaux qui lui avait attribué une nouvelle bonification indiciaire (NBI) à compter du 1er septembre 2015. Elle soutenait que l’arrêté ne couvrait pas l’intégralité de ses demandes de versement de la NBI, qui aurait dû commencer en janvier 2015, lui laissant un reliquat à percevoir. La cour a jugé que l'ordonnance était entachée d'irrégularité, a décidé que les conclusions indemnitaires de Mme D... n’étaient pas dépourvues d’objet et a annulé l'ordonnance. Elle a ensuite condamné l'État à lui verser un montant de 1 795,61 euros avec intérêts, ainsi que 500 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
1. Non-lieu à statuer : La cour a analysé que l’ordonnance attaquée avait à tort prononcé un non-lieu à statuer en raison de la régularisation par arrêté. Mme D... a correctement soutenu que cet arrêté n’avait pas réglé l’ensemble de ses créances : « l'absence de versement du reliquat de NBI est fautif et engage la responsabilité de l'État ».
2. Versement dû : L’instruction a révélé que Mme D... devait effectivement bénéficier de la NBI à compter du 1er janvier 2015, d'un montant net de 7 836,39 euros. La cour a précisé que les versements effectués étaient inférieurs à cette somme, justifiant ainsi la demande initiale à hauteur de 1 795,61 euros : « Mme D... fait valoir sans être sérieusement contestée […] qu'elle n'a perçu à ce titre que la somme de 6 040,78 euros ».
3. Intérêts : La décision souligne aussi qu’il doit être accordé des intérêts au taux légal à compter du 3 mai 2019, remportant une décision favorable pour la requérante sur ce point.
Interprétations et citations légales :
1. Régularité des décisions administratives : Au regard de l’article L. 911-1 du Code de justice administrative, la cour a rappelé que les décisions administratives doivent être précises quant au montant et à l'objet des demandes. Ainsi, la conséquence de son arrêté ne peut être appliquée que si elle couvre l'intégralité des enjeux.
2. Droit à l'indemnité : Selon les dispositions de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, « lorsque la demande est accueillie, il peut être alloué une somme au titre des frais exposés par le requérant ». Cette cour a appliqué cette règle en condamnant l'État à verser 500 euros pour les frais de justice.
3. Responsabilité de l'État : En vertu du principe de responsabilité administrative, notamment en partie due à l’inexécution ou à l'insuffisance des versements dus, la cour a clairement affirmé que l'État était tenu de réparer le préjudice subi par Mme D..., en raison du non-paiement de la totalité des montants associés à la NBI.
En sum, cette décision met en lumière l'importance pour l'administration de répondre en temps utile et de façon adéquate aux droits des agents publics concernés, tout en affirmant le rôle du juge administratif dans la protection de ces droits.