Résumé de la décision
La SARL Ette, exploitant le débit de boissons "Bistrot Colette", a contesté la décision du préfet de l'Isère de fermer administrativement son établissement pour une durée de deux mois, à la suite d'un grave accident de la route causé par un client ayant consommé une grande quantité d'alcool dans son établissement. Le juge des référés du tribunal administratif de Grenoble a rejeté la demande de suspension de cette fermeture, considérant que les preuves démontraient une consommation excessive d'alcool par le client. La SARL Ette a fait appel de cette décision, mais la cour a confirmé le rejet de sa requête.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : La SARL Ette a soutenu que la fermeture de l'établissement aurait des conséquences graves sur sa situation économique et celle de ses employés, mais le juge a jugé que cette argumentation n'était pas suffisante.
2. Absence de signes d'ivresse : L’établissement a affirmé qu'il n’y avait pas de signe d'ivresse manifeste de la part du client. Cependant, le juge a noté que malgré l'absence de signes apparents, la consommation excessive d'alcool réalisée par le client dans l'établissement (trois litres de bière selon ses propres dires) laissait présumer une responsabilité dans sa mise en condition d'ivresse.
3. Liberté du commerce et de l'industrie : La SARL Ette a soutenu que la décision méconnaissait sa liberté d'exploitation. Le juge a estimé que son fonctionnement avait provoqué une atteinte à l'ordre public en raison des circonstances entourant l’incident, rejoignant ainsi le raisonnement sur la nécessité de garantir la sécurité publique.
Citation pertinente : « Aucune atteinte grave et manifestement illégale à la liberté du commerce n'était démontrée. »
Interprétations et citations légales
1. Code de la santé publique - Article L. 3332-15 : Cet article stipule que la fermeture des débits de boissons peut être ordonnée par le préfet en cas d’infractions. Dans la situation présente, la consommation excessive d'alcool ayant conduit à un accident mortel a justifié l'ordonnance de fermeture.
2. Code de la santé publique - Article R. 3353-2 : Cet article régit spécifiquement le fait pour les débitants de boissons de servir des personnes en état d'ivresse. Le juge a conclu que, malgré l'absence de signes manifestes d’ivresse, la consommation importante et les circonstances de l'accident établissaient une négligence qui excusait la décision préfectorale.
3. Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Il autorise le juge des référés à ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale lorsqu'une atteinte grave et manifestement illégale a été constatée. En l'espèce, le juge a estimé que la fermeture était justifiée pour des raisons de sécurité publique.
Cette analyse montre que la décision de fermer le "Bistrot Colette" s'appuie sur une interprétation stricte des règles de sécurité et de la responsabilité du gérant vis-à-vis des comportements de ses clients, établissant ainsi un équilibre entre la protection de la liberté d'exploitation et la nécessité de garantir la sécurité publique.