Résumé de la décision
M. C... B..., ancien détenu de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, a contesté un jugement qui a limité à 2 000 euros le montant de son indemnisation pour des préjudices subis pendant son incarcération. Après un appel de M. B... et un appel incident du ministre, la cour administrative d'appel de Bordeaux a réduit ce montant à 1 000 euros. M. B... s'est pourvu en cassation contre l'arrêt du 28 juin 2019. La décision a confirmé l'arrêt de la cour administrative d'appel et a rejeté le pourvoi de M. B..., tout en soulignant que le montant d'indemnisation accordé était justifié par l'évaluation des preuves.
Arguments pertinents
1. Appréciation souveraine des faits : La cour a exercé une appréciation souveraine dans l'évaluation des preuves relatives aux préjudices allégués par M. B..., sans entacher sa décision de dénaturation. Par exemple, concernant l'agression du 30 novembre 2012, elle a jugé que "la cour administrative d'appel de Bordeaux, en fixant, au terme de son appréciation souveraine, à la somme de 1 000 euros la réparation du préjudice [...] n'a entaché son arrêt ni de dénaturation ni, compte tenu des écritures de requérant devant elle, d'insuffisance de motivation."
2. Insuffisance des preuves : Les motifs des rejets des demandes d'indemnisation pour les agressions du 23 mars 2012 et du 1er mai 2014 reposent sur le manque de preuves. La cour a constaté que M. B... n'avait pas établi la réalité de l'agression du 23 mars 2012, soulignant qu'il "ne s'était pas plaint auprès de l'administration pénitentiaire de cette agression, [et que] celle-ci n'avait donné lieu à aucun compte rendu d'incident ni à aucun rapport d'enquête."
3. Limitation de la présomption : La cour a également noté qu'"en l'absence d'autre élément, la seule production de certificats médicaux par une personne détenue ne saurait être regardée comme permettant de présumer que celle-ci a fait l'objet d'agressions de la part de codétenus." Cela illustre que les documents présentés ne suffisent pas à établir la responsabilité de l'Etat.
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que la partie perdante doit supporter les frais de justice. Dans cette décision, il est précisé que "les dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative [...] font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'Etat qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante." Cela indique que l'Etat, étant partie non perdante dans cette affaire, ne peut être condamné à payer les frais.
2. Loi n°91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Cet article régit les honoraires des avocats et les conditions d’attribution d’une aide à la prise en charge des frais de justice. La cour a également invoqué cet article, par exemple, pour exclure la possibilité de compensation financière à M. B... en raison de son statut de partie perdante.
3. Évaluation des preuves et responsabilité de l'Etat : Les interprétations de la cour font écho à une approche rigoureuse sur l'établissement du lien de causalité entre les préjudices subis et une faute de l'Etat. Comme le souligne la cour, "la cour n'a pas davantage entaché son arrêt de dénaturation en relevant que M. B..., en ce qui concerne les vols dont il soutenait avoir été la victime [...] n'apportait pas le moindre élément probant à l'appui de ses allégations."
En conclusion, cette décision illustre la position des juridictions administratives concernant l'évaluation des demandes d'indemnisation fondées sur des préjudices subis en détention et la nécessité de preuves solides pour établir la responsabilité de l'Etat.