Résumé de la décision :
Dans un arrêt rendu le 15 décembre 2016, la cour administrative d'appel de Douai a rejeté l'appel formé par l'association Générations Mémoire Harkis et M. B... contre un jugement du tribunal administratif de Rouen. Les requérants sollicitaient une condamnation de l'État pour ne pas avoir prévu de sanctions pénales à l'encontre des injures ou diffamations à l'égard des harkis, comme énoncé dans l'article 5 de la loi du 23 février 2005. Après avoir étudié le pourvoi, le Conseil d'État a confirmé le rejet de l'appel, estimant qu'il n'existait pas de préjudice ouvrant droit à indemnisation en raison de l'absence de sanctions pénales.
Arguments pertinents :
1. Absence de préjudice : Le Conseil d'État a souligné qu'aucun engagement international ne garantissait un droit à l'incrimination pénale pour un manquement aux interdictions prévues par la loi. Par conséquent, les requérants ne pouvaient pas revendiquer une indemnisation sur cette base :
> "Il s'ensuit que les requérants ne peuvent se prévaloir d'aucun préjudice de nature à ouvrir droit à indemnité du fait que la loi du 23 février 2005 n'a pas assorti l'interdiction qu'elle édicte à son article 5 cité au point 1 de sanction pénale."
2. Inexactitude de la qualification juridique : La Cour a également noté que le moyen invoqué par les requérants concernant une inexacte qualification des faits était infondé, puisque le préjudice n'était pas établi :
> "le moyen tiré de ce que la cour administrative d'appel aurait entaché son arrêt d'inexacte qualification juridique des faits en rejetant l'existence d'un préjudice grave et spécial ne peut qu'être écarté."
3. Méconnaissance des engagements internationaux et constitutionnels : Le Conseil d'État a précisé qu'il n'y avait pas d'obligation internationale ou constitutionnelle d'assortir d'une sanction pénale l'infraction à une interdiction légale, invalidant ainsi la demande des requérants :
> "en l'absence de toute obligation résultant des engagements internationaux de la France d'assortir d'une sanction pénale tout manquement à une interdiction posée par la loi, les requérants ne peuvent se prévaloir d'aucun préjudice de nature à ouvrir droit à indemnité."
Interprétations et citations légales :
1. Conciliation des droits en vigueur : L'article 5 de la loi du 23 février 2005 énonce clairement l'interdiction des injures et diffamations envers les harkis, mais ne prévoit pas de sanctions pénales. Ce manque de sanction a été jugé non constitutif d'un préjudice par le Conseil d'État :
- Loi n° 2005-158 du 23 février 2005 - Article 5 : "Sont interdites : - toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki…"
2. Non-méconnaissance des droits fondamentaux : Le Conseil d'État a également rappelé que l'absence d'incrimination n'enfreint pas la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ni les exigences constitutionnelles :
- "les requérants ne peuvent pas plus se prévaloir d'un préjudice qui résulterait d'une méconnaissance par la loi de la Constitution."
Ces considérations établissent que le cadre légal posé par la loi de 2005 est suffisant pour qualifier les injures ou diffamations sans qu'une sanction pénale soit nécessaire pour ouvrir droit à indemnisation. La décision maintient ainsi un équilibre entre les droits individuels et les obligations légales de l'État, tout en rejetant le pourvoi et en confirmant le jugement initial.