Résumé de la décision :
Dans cette affaire, des citoyens, M. A.-Claude B... et Mme C...D..., ont contesté un permis de construire délivré par le maire de Benfeld à l'EHPAD "Résidence et clos de l'Illmat". Après un rejet de leur demande par le tribunal administratif de Strasbourg, ils se sont pourvus en appel et ont vu leur appel partiellement retenu par la cour administrative d'appel de Nancy, qui a annulé le jugement du tribunal administratif, mais confirmé le rejet de leur demande. À la suite de cette décision, les requérants se sont pourvus en cassation devant le Conseil d'État, qui a annulé l'arrêt de la cour d'appel pour erreurs de droit, en renvoyant l'affaire à la cour administrative d'appel de Nancy et en condamnant la commune à payer des frais de justice.
Arguments pertinents :
1. Sur l'irrecevabilité des moyens soulevés :
La cour administrative d'appel de Nancy a commis une erreur en jugeant irrecevables certains moyens des requérants, allant à l'encontre des dispositions de l'article L. 600-1 du code de l'urbanisme. Le Conseil d'État souligne que :
- Un moyen invoquant la nature de modification versus révision d'un plan d'occupation des sols n'est pas concerné par la prescription de six mois pour être soulevé.
- La violation de procédures d'enquête publique peut être invoquée sans condition de délai.
2. Considération du vice de forme :
Le Conseil d'État a insisté sur le fait que la cour a ignoré des violations substantielles des règles de procédure, conduisant à un vice de forme. Cela met en lumière l'importance d'une enquête publique conforme aux articles L. 123-7 et R. 123-14 du code de l'environnement, en précisant que l'absence d'affichage a pu nuire à la transparence de la procédure.
Interprétations et citations légales :
1. Article L. 600-1 du Code de l'urbanisme :
Cet article stipule que "l'illégalité pour vice de forme ou de procédure d’un document d’urbanisme ne peut être invoquée par voie d’exception après un délai de six mois". Toutefois, il précise que certaines exceptions liées à des vices de l’enquête publique peuvent être soulevées sans limite temporelle. Le Conseil d'État a jugé que la cour a interprété à tort ces dispositions, ce qui a contribué à l'annulation de son arrêt.
2. Sur la publicité de l'enquête publique :
Les conclusions du Conseil d'État mettent en lumière l'importance de la transparence dans les procédures administratives. En citant les articles L. 123-7 et R. 123-14 du code de l'environnement, il souligne que le non-respect des règles d'affichage est en soi un facteur de nullité pouvant priver le public de ses droits d'information et de contestation. Ces articles visent à garantir que les décisions affectant l'urbanisme soient prises de manière transparente et participative.
En conclusion, la décision s'appuie sur une interprétation stricte des normes de droit public, rappelant l'importance de procédures adéquates et de la régularité des documents d'urbanisme dans le processus décisionnel.