Résumé de la décision :
La décision porte sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. et Mme Alias concernant l'article 13 de la loi n° 2011-94 du 25 janvier 2011 relatif à l'indemnité due aux avoués près les cours d'appel pour les préjudices subis lors de la fusion de leurs fonctions avec celles des avocats. Le Conseil d'État a rejeté la demande de renvoi au Conseil constitutionnel, considérant qu'aucun changement de circonstances n'était intervenu depuis la décision antérieure du Conseil constitutionnel (n° 2010-624 DC) qui avait déjà déclaré conforme cet article à la Constitution.
Arguments pertinents :
1. Applicabilité de la disposition législative : Les requérants soutenaient que la fusion des professions d'avoué et d'avocat avait entraîné des difficultés financières pour les avoués reconvertis, justifiant un nouveau examen de l’article 13. Cependant, le Conseil d'État a statué que la question soulevée n'était pas fondée sur des changements significatifs depuis la dernière décision du Conseil constitutionnel.
Citation pertinente : "aucun changement de circonstances survenu depuis la décision du Conseil constitutionnel du 20 janvier 2011 n'est de nature à justifier que la conformité de l'article 13 de la loi du 25 janvier 2011 à la Constitution soit à nouveau examinée."
2. Principes d’égalité et de traitement fiscal : Les requérants faisaient référence à une inégalité de traitement quant à l'imposition des indemnités perçues, mais le Conseil constitutionnel avait explicitement rejeté cette notion, affirmant que le législateur n'avait pas méconnu le principe d'égalité.
Citation pertinente : "le législateur n'a pas écarté les règles de droit commun de taxation des plus-values, n'a pas méconnu le principe d'égalité en ne prenant pas en compte les conséquences de l'assujettissement à l'impôt de l'indemnité accordée."
Interprétations et citations légales :
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Cet article permet de soulever une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil d'État, sur des bases précises. La condition d'une disposition "applicable au litige" et "nouvelle ou présentant un caractère sérieux" a été au cœur de la décision.
Citation : "Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé (...) à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'État."
2. Loi n° 2011-94 du 25 janvier 2011 - Article 13 : Cet article régit le droit à indemnité des avoués, mais précise aussi le cadre dans lequel cette indemnité doit être évaluée, excluant des considérations telles que le préjudice économique en fonction de la structure de l'exercice professionnel (individuel ou en société).
Citation : "Les avoués près les cours d'appel en exercice à la date de la publication de la présente loi ont droit à une indemnité au titre du préjudice correspondant à la perte du droit de présentation."
Cette décision illustre les limites du mécanisme de la question prioritaire de constitutionnalité face à des décisions antérieures, soulignant l'importance d'un changement substantiel de situation pour reconsidérer la conformité d'une loi déjà examinée par le Conseil constitutionnel.