Résumé de la décision
La décision porte sur la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant les deux derniers alinéas de l'article L. 332-1 du code du sport, introduits par la loi n° 2016-564 du 10 mai 2016. Ces dispositions permettent aux organisateurs de manifestations sportives de refuser l'accès ou d'annuler la délivrance de titres d'accès à des personnes qui auraient contrevenu aux règles de sécurité établies. La juridiction administrative a décidé de transmettre la QPC au Conseil constitutionnel, considérant que ces dispositions pourraient porter atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, en particulier aux articles 8 et 12 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Elle a également sursis à statuer sur la requête de l'Association nationale des supporters jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
Les arguments clés de la décision mettent en avant l'application de l'article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958, qui permet de soulever des questions de constitutionnalité dans le cadre d'un litige. Le juge administratif a noté que les dispositions contestées répondent aux critères de recevabilité : elles sont applicables au litige, n'ont pas été précédemment déclarées conformes à la Constitution et soulèvent une question sérieuse.
Un extrait pertinent souligne cette démarche : "Le moyen tiré de ce qu'elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution [...] soulève une question présentant un caractère sérieux." En conséquence, cette approche permet de valoriser le droit des citoyens à contester des mesures qu'ils jugent potentiellement liberticides.
Interprétations et citations légales
La décision repose sur plusieurs textes de loi fondamentaux, dont principalement :
- Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : cet article permet au Conseil d'Etat de transmettre une QPC au Conseil constitutionnel si certaines conditions sont remplies, notamment l'applicabilité au litige et le caractère sérieux de la question soulevée. Cela démontre une interaction entre différents niveaux de juridiction (administratif et constitutionnel) dans le traitement des droits fondamentaux.
- Code du sport - Article L. 332-1 : les dispositions concernant la sécurité dans les manifestations sportives ouvrent la possibilité pour les organisateurs d'exclure certains individus, ce qui est controversé par rapport à la liberté d'accès. Un point clé est que "les organisateurs peuvent établir un traitement automatisé de données à caractère personnel relatives aux manquements énoncés".
Les enjeux soulevés par ces textes mettent en lumière les tensions entre sécurité publique et libertés individuelles. Le juge a conclu que, chevauchant des droits garantis par la Constitution, ces lois méritent un examen approfondi par le Conseil constitutionnel, ce qui pourrait comme le précise dans la décision, entraîner d'importantes conséquences sur la législation en vigueur en matière de sécurité lors des événements sportifs.