Résumé de la décision
Le tribunal administratif de Besançon a décidé de renvoyer au Conseil constitutionnel la question de la conformité à la Constitution du second alinéa du I de l'article L. 145-3 du code de l'urbanisme. Cette disposition permet à l'autorité compétente d'instituer une servitude administrative sur des bâtiments non desservis par des voies carrossables durant la période hivernale, ce qui soulève des préoccupations sur la liberté d'aller et venir, le droit de propriété et le principe d'égalité devant les charges publiques. Le groupement foncier rural Namin et Co a contesté cette disposition, arguant qu'elle méconnaît plusieurs droits fondamentaux, notamment en matière de procédure et d'indemnisation.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et nouveauté de la question : Le tribunal a établi que le second alinéa de l'article L. 145-3 est applicable au litige et n'a pas encore été déclaré conforme à la Constitution. Ainsi, cette disposition est susceptible d'être examinée par le Conseil constitutionnel.
2. Questions soulevées : Le moyen craignant une atteinte aux droits fondamentaux a été jugé sérieux. Le groupement a souligné que la possibilité d'ériger une "servitude administrative" sans information préalable ni procédure contradictoire pourrait mener à des abus et à une atteinte au droit de propriété.
Citation pertinente :
- "les dispositions du second alinéa du I de l'article L. 145-3 du code de l'urbanisme... prévoient la possibilité pour l'autorité compétente d'instituer une 'servitude administrative'... sans prévoir aucune information préalable ni aucune procédure contradictoire."
Interprétations et citations légales
L'analyse des textes législatifs révèle plusieurs points de débat autour des droits des propriétaires :
1. Liberté d'aller et venir : Le principe de la liberté d'aller et venir peut être perçu comme menacé par l'imposition de servitudes administratives, ce qui justifie une question prioritaire de constitutionnalité. Cela soulève également des interrogations sur le respect des droits individuels face à des mesures administratives.
2. Droit de propriété : Selon l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le droit de propriété est garanti. La possibilité d'établir une servitude sans procédure d'indemnisation peut être perçue comme une violation de ce droit, ce qui renforce l’argument selon lequel il existe une incompétence négative dans l'application de cette législation.
Citations légales :
- Code de l'urbanisme - Article L. 145-3, 2ème alinéa : "l'autorité compétente peut subordonner la réalisation des travaux... à l'institution d'une servitude administrative... interdisant l'utilisation du bâtiment en période hivernale..."
- Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 2 : "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression."
En conclusion, les interprétations divergentes de ces textes posent des questions fondamentales sur la protection des droits individuels face à des décisions administratives, justifiant ainsi le renvoi au Conseil constitutionnel pour une clarification sur la conformité de ces dispositions législatives à la Constitution.