Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... a contesté des permis de construire tacites attribués par le maire de Saint-Raphaël à la SCI Cap Zen et à la SCI Huilhout en raison de l'extension et de la surélévation d'une villa. Elle a formé un recours pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Toulon. Celui-ci a rendu un jugement le 3 janvier 2020, refusant d'examiner l'appel en raison des prescriptions relatives au contentieux de l'urbanisme. Le Conseil d’État a annulé cette décision en considérant que les travaux contestés n'entraient pas dans le champ d'application de l'article R. 811-1-1 du code de justice administrative, aboutissant ainsi à l'attribution de l'affaire à la cour administrative d'appel de Marseille.
Arguments pertinents
L'un des points centraux de la décision repose sur l'interprétation des dispositions de l'article R. 811-1-1 du code de justice administrative, qui stipule que les tribunaux administratifs statuent en premier et dernier ressort sur les recours liés aux permis de construire dans certaines zones. Toutefois, le Conseil d'État a précisé que ces dispositions ne s'appliquent qu'à des permis ayant pour objet la création de logements supplémentaires. En effet, il a été souligné que "ces travaux n'ayant pas pour objet la réalisation de logements supplémentaires, ils n'entrent pas dans le champ d'application des dispositions de l'article R. 811-1-1 du code de justice administrative."
Interprétations et citations légales
La décision du Conseil d’État s'appuie sur une interprétation rigoureuse des textes applicables en matière de contentieux de l'urbanisme. Le cœur de l'application de la loi repose sur l'article R. 811-1-1 du code de justice administrative, qui déroge au droit classique d'appel et doit, par conséquent, être interprété de manière restrictive.
- Code de justice administrative - Article R. 811-1-1 : Cet article précise que les tribunaux administratifs peuvent statuer en premier et dernier ressort sur les recours liés à des permis de construire ou de démolir, mais cela s'applique uniquement en cas de "réalisation de logements supplémentaires." Cette interprétation renforce l'idée que les permis en question, se limitant à des travaux d'extension et de surélévation, échappent à ce cadre.
De plus, la clarification apportée par le Conseil d’État montre que les permis modificatifs suivent les mêmes règles procédurales que les permis initiaux. Cela signifie que si une construction n'augmente pas le nombre de logements, elle ne peut pas bénéficier d'une procédure spéciale qui limiterait la possibilité de recours.
Ainsi, le Conseil d’État a rendu un jugement selon lequel le tribunal administratif de Toulon ne disposait pas d'une compétence exclusive sur cette affaire, permettant ainsi son renvoi à la cour administrative d'appel de Marseille, ce qui est significatif pour le droit d'appel en matière d'urbanisme.
En conclusion, cette décision non seulement clarifie l'importance des critères d'application des règles de procédure, mais elle réaffirme également la nécessité d'une interprétation stricte des exemptions prévues dans le code de justice administrative.