Résumé de la décision
La décision concerne une demande en référé-liberté formulée par M. A...B... au tribunal administratif de Strasbourg. Ce dernier soutenait qu'il ne pouvait obtenir une carte d'identité ou un passeport, ce qui entravait son accès à l'emploi, à un logement et lui faisait vivre dans la détresse matérielle. Le juge des référés a initialement rejeté sa demande pour absence d’urgence. La cour a ensuite annulé cette ordonnance, considérant qu'il y avait une dénaturation de la situation d'urgence. La carte nationale d’identité a depuis été délivrée, rendant la demande d'identité non pertinente. Toutefois, le tribunal a mis à la charge de l'État une somme de 3 000 euros à titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Urgence et Détresse : M. B... a fait valoir que son incapacité à obtenir des documents d'identité l'empêchait d'accéder à des services essentiels, comme l'ouverture d'un compte bancaire et la recherche d'emploi. L'analyse du juge des référés a été critiquée pour ne pas avoir reconnu cette situation d'urgence. La cour a statué que "M. B...n'établissait pas l'existence d'une situation d'urgence" était une erreur. Cette dénaturation du dossier a conduit à l'annulation de l'ordonnance.
2. Délivrance de la carte nationale d'identité : Avec la délivrance de la carte le 3 octobre 2018, la demande de M. B...pour celle-ci devenait sans objet. La cour a statué qu'il n'y avait plus lieu de statuer sur cette demande, car l'urgence initialement invoquée était désormais résolue.
3. Rejet de la demande de passeport : Concernant la demande de passeport, la cour a noté que la délivrance de la carte d'identité atténuait l'argument d'urgence, même si M. B...affirmait avoir de la famille au Canada. Par conséquent, cette demande a également été rejetée.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-2 du code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale en cas d'urgence. Il énonce : "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale". La cour a constaté que le juge des référés n’a pas correctement apprécié l’urgence du cas de M. B..., entraînant ainsi une dénaturation des faits.
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Ce texte propose que, dans le cas où une partie obtient gain de cause, les frais exposés dans le cadre de la procédure peuvent être remboursés. La cour a appliqué cet article pour accorder 3 000 euros à M. B... en compensation des frais engagés, affirmant que "l'Etat versera à M. B... une somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative".
3. Article L. 522-3 du code de justice administrative : Cet article mentionne que le juge des référés peut rejeter une demande. Dans ce cas, il a été utilisé par le juge de première instance pour refuser la demande de M. B..., mais cette application a été jugée erronée par la cour d'appel.
Ainsi, la décision restitue aux demandeurs la nécessité d’une appréciation juste de l’urgence et souligne l’obligation des juridictions administratives de protéger les libertés fondamentales dans des situations où des droits essentiels sont en jeu.