Résumé de la décision
La décision concernait le cas de M. B..., atteint de surdité congénitale profonde, qui avait demandé à être assisté par un interprète en langue des signes lors d’une audience devant le tribunal administratif de Paris. Sa demande, reçue le 18 mars 2017, a été refusée par le tribunal, qui lui a proposé de venir avec une personne de son choix capable de traduire. M. B... n’a donc pas pu bénéficier de l’assistance requise et a été ainsi privé de la possibilité de s’exprimer lors de l’audience. Par conséquent, le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif, considérant qu'il avait violé les droits de la défense et le droit à une assistance adaptée, conformément à la loi sur l’égalité des droits des personnes handicapées.
Arguments pertinents
1. Droit à une assistance adaptée : Le Conseil d'État a affirmé que les juridictions sont tenues de faciliter la communication avec les justiciables sourds et de fournir un dispositif adapté, conformément aux obligations découlant de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005.
- Citation pertinente : "Toute personne sourde bénéficie du dispositif de communication adapté de son choix. Ces frais sont pris en charge par l'État."
2. Conséquences de la méconnaissance de cette obligation : La décision souligne qu'une violation de ce droit peut entraîner une irrégularité affectant la décision judiciaire, à moins que la partie concernée ne puisse prouver qu'elle a tout de même pu s'exprimer.
- Citation pertinente : "La méconnaissance de cette obligation entache en principe d'irrégularité la décision juridictionnelle."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la loi n° 2005-102 : La loi instaurant le droit à une assistance pour les personnes sourdes est interprétée comme imposant une obligation de moyens aux juridictions. Cela signifie qu'elles doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer une communication effective, ce qui inclut la fourniture d’interprètes ou de dispositifs techniques adaptés.
- Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 - Article 76 : "Devant les juridictions administratives, civiles et pénales, toute personne sourde bénéficie du dispositif de communication adapté de son choix."
2. Droit à un procès équitable : Ce droit est renforcé par le principe du caractère contradictoire de la procédure, un principe fondamental qui garantit aux justiciables la possibilité de défendre efficacement leurs intérêts.
- Citation pertinente : "Les principes du caractère contradictoire de la procédure et des droits de la défense impliquent ... un justiciable atteint de surdité puisse se présenter à l'audience".
Cette décision marque ainsi une affirmation de l'importance de l'égalité d'accès à la justice pour toutes les personnes, indépendamment de leur handicap, et souligne la responsabilité des juridictions d’accompagner ce processus.