Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation de l'Agence de la biomédecine contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Versailles, qui avait annulé un jugement du tribunal administratif de Montreuil. Ce jugement avait rejeté la demande d'annulation pour excès de pouvoir d'une autorisation donnée par l'Agence à un laboratoire de l'hôpital de la Conception, permettant une recherche sur l'embryon humain. La Cour suprême a annulé l'arrêt de la cour d'appel sur la base d'une erreur de droit, précise les différentes conditions nécessaires pour autoriser une recherche sur l'embryon humain, et a condamné la fondation Jérôme Lejeune à verser 3 000 euros à l'Agence pour les frais de justice.
Arguments pertinents
1. Conditions de recherche sur l'embryon humain : La Cour a souligné que l'autorisation pour une recherche sur l'embryon humain nécessite la satisfaction de quatre conditions distinctes figurant au I de l'article L. 2151-5 du code de la santé publique.
- La condition de la "pertinence scientifique de la recherche" n'est pas identique à celle qui stipule que la recherche "ne doit pas pouvoir être menée sans recourir à ces embryons". L'erreur de la cour d'appel réside dans le fait qu'elle a confondu ces deux conditions.
2. Erreur de droit : La Cour a conclu que la cour administrative d'appel avait commis une erreur de droit en se basant sur le défaut d’études préalables sur des souris pour établir la pertinence scientifique. Cela ne justifiait pas l'annulation de l'autorisation.
3. Décision de justice : En raison de cette erreur, la décision de la cour d'appel a été annulée, et l’affaire a été renvoyée pour être réexaminée.
Interprétations et citations légales
La décision s’articule autour de l’interprétation des conditions de recherche sur l’embryon humain selon le Code de la santé publique - Article L. 2151-5. Voici des éléments clés :
- Pertinence scientifique : La condition stipule qu’il faut qu’"aucune recherche sur l'embryon humain ni sur les cellules souches embryonnaires" ne soit entreprise sans autorisation, qui comprend "la pertinence scientifique de la recherche" au sens de l’article concerné.
- Autonomie des conditions : La distinction entre la première condition (1°) qui impose l’établissement de la pertinence scientifique, et la troisième condition (3°) qui stipule que "la recherche ne doit pas pouvoir, en l'état des connaissances scientifiques, être menée sans recourir à ces embryons" est cruciale ; chacune doit être respectée indépendamment.
Ces interprétations mettent en évidence les exigences rigoureuses nécessaires pour garantir que les recherches biomédicales respectent à la fois les standards scientifiques et éthiques, préservant ainsi l'intégrité de la recherche sur l’embryon. La Cour confirme que l'usage d'embryons peut être justifié dans le cadre d'une recherche qui répond aux critères légaux en place, en soulignant l’importance d’une appréciation correcte des différentes conditions posées par le législateur.
En conséquence, le raisonnement de la Cour montre un engagement envers la rigueur scientifique et l’éthique dans la recherche, tout en maintenant le droit à la recherche biomédicale sous des conditions strictement régulées.