Résumé de la décision
La décision porte sur la demande d'annulation, pour excès de pouvoir, du rejet par le Premier ministre d'une demande d'abrogation d'une déclaration d'utilité publique (DUP) relative au dédoublement de l'autoroute A9, décrété le 30 avril 2007. Les requérants, comprenant des particuliers et des groupements agricoles, soutenaient que cette décision était entachée d'illégalité. Le Conseil d'État a constaté que la DUP demeure valide en raison de l'argumentation des requérants ne justifiant pas l'abrogation de celle-ci et a donc rejeté leur demande.
Arguments pertinents
1. Sur le désistement : Le Conseil d'État a constaté que le désistement de Mme E... était pur et simple, ce qui a conduit à un acte officiel de prise en compte de ce désistement.
2. Sur l'obligation d'abrogation : L'autorité administrative n'est pas tenue de faire droit à une demande d'abrogation d'une DUP, même si les circonstances de fait ont changé. Ce refus n'est pas considéré comme illégal tant que l'opération conserve son caractère d'utilité publique. Ainsi, le décret du 30 avril 2007 reste valable.
3. Sur la légalité de la DUP : Même si les requérants affirment que le décret aurait été pris sur une estimation sous-évaluée des coûts et que la déclaration méconnaît certaines exigences légales, ces éléments ne suffisent pas à justifier l'abrogation. Le Conseil a conclu que ces arguments ne créent pas une obligation pour le Premier ministre de faire droit à la demande. Il a affirmé :
> "Les circonstances [...] mettent en cause la légalité de la déclaration d'utilité publique à la date de son adoption, [mais] [...] ne faisaient pas obligation au Premier ministre d'accueillir la demande d'abrogation."
4. Sur l’appréciation du caractère d’utilité publique : Le projet, qui vise à améliorer la fluidité de la circulation et à réduire les risques d'accidents, a été considéré comme respectant le principe selon lequel "les atteintes à la propriété privée, le coût financier [...] ne sont pas excessifs eu égard à l'intérêt qu'elle présente".
5. Sur l’opportunité des alternatives : Bien que les requérants se soient prévalus d'une alternative moins coûteuse pour atteindre les mêmes objectifs, le Conseil d'État a souligné qu'il ne lui appartient pas d’examiner l’opportunité du tracé retenu, uniquement la légalité de la DUP.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique - Article R. 11-3 : Cet article stipule que les dossiers soumis à l'enquête publique doivent répondre à des exigences précises pour garantir une information correcte du public sur le projet. Les requérants ont argué que ces exigences avaient été méconnues, mais le Conseil a conclu que même cela ne suffisait pas à renverser la décision d'utilité publique.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article concerne les frais de justice pouvant être mis à la charge de l'État. Les conclusions des requérants à ce titre ont été également rejetées pouvant s’illustrer par la décision :
> "Les conclusions qu'ils présentent au titre des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ne peuvent qu'être également rejetées."
3. Loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations - Article 16-1 : Bien que cet article impose l’abrogation des actes illégaux ou sans objet, le Conseil a précisé que cela ne s’appliquait pas aux DUP, qui n’ont pas un caractère réglementaire.
Ces éléments montrent que le Conseil d'État a maintenu l'importance d'évaluer l'utilité publique d'une opération au-delà des contestations sur la méthode ou le coût, affirmant ainsi son rôle dans la protection des décisions administratives tant que celles-ci respectent le cadre légal en vigueur.