Résumé de la décision
La décision implique un recours du département de Meurthe-et-Moselle demandant le sursis à l’exécution d’un jugement du tribunal administratif de Nancy du 3 juillet 2018. Ce jugement annulait une décision du conseil départemental mettant fin à la prise en charge de M. A...B..., un jeune guinéen, par les services de l'aide sociale à l'enfance, malgré son inscription en formation professionnelle. Le tribunal a ordonné au président du conseil départemental de réexaminer la situation de M. B... dans un délai de deux mois. La cour a finalement rejeté la requête du département, estimant que l'exécution ne causerait pas de conséquences difficilement réparables.
Arguments pertinents
Les arguments clés de la décision sont les suivants :
1. La demande de sursis à l'exécution est fondée sur l'argument selon lequel l'exécution du jugement entraînerait des conséquences difficilement réparables pour le département, notamment l'obligation de poursuivre le soutien à M. B... pour sa formation. Cependant, le tribunal a déclaré que l’article L. 222-5 du Code de l'action sociale et des familles ne rend pas nécessaire ce soutien, car l’autorité administrative peut décider des mesures appropriées lors de son réexamen.
> "Il ne résulte pas du dispositif de ce jugement qu'elle devra nécessairement, en application de l'article L. 222-5 du code de l'action sociale et des familles, proposer à M. B... un accompagnement."
2. Le tribunal a considéré que le département ne pouvait pas justifier de conséquences irréparables en raison du cadre légal qui permettrait un réexamen de la situation en tenant compte des circonstances présentes.
Interprétations et citations légales
La décision fait référence à plusieurs dispositions légales, notamment :
- Code de la justice administrative - Article R. 821-5 : Cet article stipule les conditions pour ordonner un sursis à l'exécution d'une décision juridictionnelle, exigeant que la décision contestée entraîne des conséquences difficilement réparables et que les moyens du pourvoi soient sérieux.
> "La formation de jugement peut, à la demande de l'auteur du pourvoi, ordonner qu'il soit sursis à l'exécution d'une décision juridictionnelle rendue en dernier ressort si cette décision risque d'entraîner des conséquences difficilement réparables..."
- Code de l'action sociale et des familles - Article L. 222-5 : Cet article prévoit que lorsqu'un jeune majeur éprouve des difficultés d'insertion sociale, il peut bénéficier d'un accompagnement au-delà de la mesure d'aide sociale pour l'aider à finaliser sa formation. Le tribunal a interprété que l’organisation de ce soutien n'était pas automatique et dépendait des circonstances évaluées lors du réexamen.
> "Lorsqu'un majeur âgé de moins de vingt-et-un ans éprouvant des difficultés d'insertion sociale... un accompagnement doit lui être proposé, au-delà du terme de la mesure..."
Ces interprétations soulignent que les décisions prises à l'égard des jeunes majeurs bénéficiant de l'aide sociale doivent être adaptées aux circonstances individuelles et se fonder sur l'analyse des droits et des obligations en jeu, tant pour l'individu que pour l'autorité publique.