Résumé de la décision
La décision porte sur la demande de sursis à l'exécution d'une ordonnance rendue par le juge des référés du tribunal administratif de Lyon le 11 janvier 2019. Cette ordonnance avait suspendu la décision du directeur de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) du 4 décembre 2018, interdisant la mise sur le marché, la distribution, et l'exportation de certains dispositifs médicaux (I-Stop, I-Stop Toms, Pelvi-Stop et Parie-Stop). En raison de la suspension des mesures de rappel, les produits concernés restaient accessibles aux professionnels de santé, introduisant des risques pour la santé publique. Ainsi, le Conseil d'État a ordonné le sursis à exécution de l'ordonnance, justifiant cette décision par des conséquences difficilement réparables pour la santé publique.
Arguments pertinents
1. Conséquences sur la santé publique : La décision souligne que la suspension, même partielle, de l'ordonnance entraînait le maintien de dispositifs médicaux non conformes à la disposition des praticiens, ce qui introduisait un risque pour la santé des patients. Le Conseil d'État rappelle que "la suspension du rappel de ces dispositifs est susceptible, par ailleurs, d'entretenir la confusion sur leur licéité et expose par conséquent les patients au risque de se voir implantés de tels dispositifs non conformes."
2. Doutes sur la décision initiale : Le Conseil d'État considère que les moyens soulevés par l'ANSM introduisent un doute sérieux quant à la légalité de la décision du juge des référés. Il précise que "les moyens tirés de ce que le juge des référés a commis une erreur de droit [...] semblent sérieux et de nature à justifier, outre l'annulation de l'ordonnance attaquée, l'infirmation de la solution retenue par le juge des référés."
Interprétations et citations légales
La décision analyse plusieurs articles du Code de la santé publique et du Code de justice administrative.
- Code de justice administrative - Article R. 821-5 : Cet article stipule que "la formation de jugement peut, à la demande de l'auteur du pourvoi, ordonner qu'il soit sursis à l'exécution d'une décision juridictionnelle rendue en dernier ressort si cette décision risque d'entraîner des conséquences difficilement réparables". Cela souligne la nécessité de protéger la santé publique avant tout autre considération, en tenant compte de l'effet des décisions judiciaires sur la société.
- Code de santé publique - Articles L. 5312-2 et L. 5312-3 : Ces articles encadrent les procédures de rappel de produits de santé, signalant que la mise en œuvre de telles procédures est légitimée par des raisons liées à la sécurité du public. La décision du Conseil d'État réexamine la légitimité de la procédure de rappel ordonnée par l'ANSM, établissant que son fondement doit être analysé à la lumière de l'absence d'une certification de conformité CE, ce qui amène à questionner la conformité du processus du juge des référés.
Ainsi, cette décision éclaire sur l'équilibre à maintenir entre les droits des entreprises et les impératifs de santé publique, en insistant sur la compétence des autorités administratives dans la régulation des dispositifs médicaux.