Résumé de la décision
Dans une affaire opposant le ministre des affaires sociales et de la santé au centre hospitalier régional de Metz-Thionville, le Conseil d'État a rejeté le pourvoi du ministre, qui contestait un arrêt de la cour administrative d'appel de Nancy du 9 février 2017. Cette cour avait précédemment confirmé un jugement du tribunal administratif de Nancy annulant une sanction de 1 230 114 euros imposée à l'établissement de santé le 22 décembre 2010, suite à un contrôle des tarifs appliqués. Le Conseil d'État a statué sur la légalité de l'application des modifications apportées à l'article L. 162-22-18 du code de la sécurité sociale par la loi n° 2010-1594 du 20 décembre 2010.
Arguments pertinents
1. Sur l'entrée en vigueur des dispositions législatives : La cour administrative d'appel de Nancy a correctement interprété que les modifications de l'article L. 162-22-18 du code de la sécurité sociale, introduites par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2011, étaient entrées en vigueur le lendemain de leur publication au Journal officiel, soit le 22 décembre 2010. Le Conseil d'État a relevé qu'il n'était pas nécessaire qu'une mesure réglementaire d'application soit mise en place pour que ces dispositions soient applicables.
2. Sur la sécurité juridique et la rétroactivité : Le Conseil d'État souligne que les nouvelles règles relatives à la sanctions ne sont pas décidées pour une période déterminée, ajoutant que "le législateur [n'a] pas entendu reporter leur entrée en vigueur". Cela signifie que la nouvelle législation peut s'appliquer sans restriction dans le temps, sauf indication contraire explicite.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 162-22-18 du Code de la sécurité sociale : Cet article, modifié par la loi n° 2010-1594, établit les conditions dans lesquelles des sanctions peuvent être appliquées aux établissements de santé en cas de non-respect des règles de facturation. Le Conseil d'État a évalué que les modifications apportées visent non seulement à ajuster les sanctions mais aussi à s'assurer que cessent les comportements de manquement au sein des établissements.
2. Article 34 de la Constitution : Cet article détermine les compétences du législateur concernant l'équilibre financier de la sécurité sociale. Il ancre les fondements de la législation sociale. Le Conseil d'État a considéré que l’adoption de la loi de financement pour 2011, avec ses dispositions concernant les sanctions, respectait les préceptes de cette article en stipulant des buts de dépenses en faveur de la régulation du système de santé.
3. Article 1er du Code civil : Le premier alinéa stipule que les lois entrent en vigueur à la date qu’elles fixent, ou dans le cas d’absence de précisions, le lendemain de leur publication. Le Conseil d'État, en justifiant que les dispositions modifiées sont entrées en vigueur dès leur publication, appuie cette affirmation par rapport à l'absence de conditions d’application.
En somme, le Conseil d'État a affirmé la validité des décisions antérieures et a mis en avant l'importance d'une interprétation cohérente des textes afférents à la régulation des sanctions dans le secteur de la santé, contribuant à la légitimité des décisions contre les établissements de santé en cas de manquements.