Résumé de la décision :
La décision concerne le litige entre Mme A...B... et la caisse d'allocations familiales de l'Isère suite à un contrôle de sa situation familiale. Après avoir déclaré être séparée de son mari alors que des preuves contredisaient cette déclaration, elle a reçu une notification concernant un indu de prestations sociales à compter de février 2015. Malgré ses recours, les décisions de récupération des prestations ont été maintenues. En conséquence, Mme B... a formé un pourvoi en cassation, soulevant une question prioritaire de constitutionnalité concernant les articles L. 114-19, L. 114-20 et L. 114-21 du code de la sécurité sociale. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer la question de la conformité de ces articles à la Constitution au Conseil constitutionnel, en suspendant son jugement jusqu'à ce qu'une décision soit prise.
Arguments pertinents :
1. Applicabilité des dispositions : Le Conseil d'État établit que les articles L. 114-19, L. 114-20 et L. 114-21 du code de la sécurité sociale sont applicables au litige, permettant ainsi la reconnaissance d’éventuelles violations des droits et libertés garanties par la Constitution. Il cite :
> "Ces dispositions n'ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel."
2. Caractère sérieux de la question soulevée : Les arguments de Mme B... évoquent une atteinte potentielle au droit au respect de la vie privée, ce qui soulève une question de constitutionnalité "présentant un caractère sérieux".
Interprétations et citations légales :
Les articles de loi appliqués dans la décision sont les suivants :
- Code de la sécurité sociale - Article L. 114-19 : Cet article stipule que le droit de communication permet à des agents des organismes de sécurité sociale d'obtenir des documents nécessaires au contrôle ou au recouvrement des prestations, sans égard au secret professionnel. La base juridique de cette procédure est donc soulignée.
- Code de la sécurité sociale - Article L. 114-21 : Celui-ci impose à l’organisme de sécurité sociale d'informer la personne concernée des documents et des informations obtenues, garantissant ainsi le droit à une défense équitable en précisant que l'individu doit être informé avant la mise en recouvrement. La décision mentionne :
> "L'organisme ayant usé de ce droit est tenu d'informer la personne à l'encontre de laquelle est prise la décision de supprimer le service d'une prestation ou de mettre des sommes en recouvrement..."
Cette analyse des articles relevant du code de la sécurité sociale renforce les préoccupations de Mme B... concernant la protection de sa vie privée et les implications d'un contrôle qui pourrait être jugé excessif ou non conforme aux garanties constitutionnelles, d'où le renvoi au Conseil constitutionnel.
La décision globale illustre donc un équilibre entre la nécessité de contrôler l’intégrité des prestations sociales et le respect des droits individuels, particulièrement en matière de vie privée.