Résumé de la décision
Cette décision concerne une requête présentée par Mme A... C... épouse B... visant à suspendre l'exécution d'un décret du 29 août 2020, qui modifiait les critères permettant aux salariés vulnérables ou vivant avec des personnes vulnérables d'être en activité partielle. La requérante a fait valoir un risque grave pour la santé des personnes vulnérables face à la pandémie de COVID-19. Le juge des référés a constaté que, suite à une ordonnance antérieure du Conseil d'État suspendant l'exécution de certaines dispositions du décret, il n'y avait plus lieu de statuer sur certaines conclusions de la requête. Les autres moyens de la requête ont été jugés non fondés et ont été rejetés. Enfin, le juge a décidé de ne pas faire droit aux conclusions liées à l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Recevabilité et urgence de la requête : La requérante a affirmé que sa demande était recevable et que l’urgence était justifiée en raison des risques de contagion pour les personnes vulnérables.
- Citation pertinente : L'article L. 521-2 du code de justice administrative spécifie que le juge des référés peut ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale en cas d'atteinte grave et manifestement illégale.
2. Critères de vulnérabilité : La requérante a soutenu que le décret litigieux méconnaissait la liste des personnes vulnérables définies par la loi.
- Citation pertinente : "Il est entaché d’une erreur manifeste d’appréciation en ce qu’il ne qualifie pas certaines catégories de personnes comme vulnérables."
3. Évaluation de la légalité du décret : Le juge a précisé que le décret devait être évalué selon la situation au moment de la décision, et non à sa date d’adoption, mettant en avant que la gestion des situations changeantes pendant une crise sanitaire peut justifier des modifications réglementaires.
- Citation pertinente : "Il était loisible au Premier ministre... de mettre fin à cette mesure."
4. Rejet des moyens de la requête : Le juge a constaté qu'il n'y avait pas d'atteinte grave et manifestement illégale concernant les distinctions établies entre les salariés vulnérables et ceux vivant avec des personnes vulnérables.
- Citation pertinente : "Les moyens tirés... ne sont pas de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-2 du Code de justice administrative : Ce texte stipule que le juge des référés peut ordonner des mesures de sauvegarde en cas d'atteinte grave à une liberté fondamentale. Cela souligne la nécessité d'une évaluation précise des conditions d'urgence et de légalité dans les mesures administratives.
2. Article 20 de la loi n° 2020-473 du 25 avril 2020 : Cet article définit les critères d'éligibilité pour le placement en activité partielle des salariés vulnérables ou cohabitant avec eux, permettant au Premier ministre une certaine flexibilité dans la gestion de la crise. Il est précisé que les modalités sont déterminées par décret, ce qui donne au gouvernement le pouvoir de réévaluer les situations.
3. Impact des décisions antérieures : L'ordonnance du 15 octobre 2020, qui suspendait certaines des dispositions du décret, illustre la dynamique des décisions judiciaires sur des questions de droit public, particulièrement en période de crise. Cela démontre également comment les courts peuvent répondre rapidement aux enjeux urgents liés à la santé publique.
Ces éléments mettent en lumière le cadre juridique dans lequel les décisions sont prises, ainsi que la manière dont la jurisprudence adapte l’application de la loi face aux évolutions des situations sanitaires.