Résumé de la décision :
M. B..., un ressortissant algérien, a épousé une ressortissante française le 17 octobre 2009. Il a formulé une demande d'acquisition de la nationalité française le 15 septembre 2015 en raison de ce mariage. Cependant, le décret du Premier ministre du 21 avril 2017 a opposé un refus à sa demande, au motif qu'il était indigne d'acquérir la nationalité française en raison de faits liés à des infractions à la législation sur les stupéfiants. M. B... a alors demandé l'annulation de ce décret pour excès de pouvoir. Le tribunal a finalement annulé le décret en estimant que le gouvernement avait fait une application inexacte des dispositions pertinentes du Code civil.
Arguments pertinents :
1. Inadéquation des motifs d'opposition : Le décret s'est fondé sur deux infractions : la détention et l'usage de produits stupéfiants, et la conduite sous l'influence d'un produit stupéfiant. Toutefois, le tribunal a jugé que ces faits, en raison de leur nature et de leur ancienneté, ne justifiaient pas un refus de nationalité.
- Citation pertinente : "En estimant que ces deux faits... étaient de nature à le rendre indigne d'acquérir la nationalité française... le Premier ministre... a fait une inexacte application des dispositions de l'article 21-4 du code civil."
2. Application de l’article 21-2 et article 21-4 du Code civil : La décision est fondée sur les exigences essentielles stipulées dans ces articles, qui condamnent l'opposition à la nationalité sauf en cas de faits suffisamment graves.
- Citation pertinente : "L'étranger qui contracte mariage... peut... acquérir la nationalité française par déclaration... à condition... que le conjoint français ait conservé sa nationalité."
Interprétations et citations légales :
1. Interprétation de l'article 21-2 du Code civil : Cet article établit les conditions sous lesquelles un étranger marié à un Français peut acquérir la nationalité française. L'acquisition est conditionnée à la continuité de la communauté de vie entre les époux et à la nationalité du conjoint français. La décision insiste sur l'importance de préserver une approche proportionnelle quant à la dignité des demandeurs.
2. Application de l'article 21-4 du Code civil : Il autorise le Gouvernement à s'opposer à l'acquisition de la nationalité pour indignité, mais encadre également le champ d'application de cette disposition. Le tribunal a conclu que les faits reprochés à M. B... ne relevaient pas d'une indignité suffisamment grave pour justifier un refus.
- Citation pertinente : "Le Gouvernement peut s'opposer par décret... pour indignité ou défaut d'assimilation, autre que linguistique..."
La décision souligne donc un besoin d'examen rigoureux des circonstances individuelles dans les cas d'opposition à l'acquisition de la nationalité française, tout en rappelant que les infractions doivent avoir une gravité suffisante pour affecter la dignité du demandeur.