Résumé de la décision
Dans le cadre d'un litige concernant l'annulation d'une sanction administrative prononcée par l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, le Conseil d'Etat a décidé de renvoyer au Conseil constitutionnel la question de la constitutionnalité de l'article L. 6361-12 du code des transports. Cet article impose des amendes pour non-respect des mesures anti-nuisances environnementales sur les aérodromes. Le Conseil d'Etat a estimé qu'une question sérieuse se posait quant à la conformité de cet article aux articles 8 et 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 sur le principe de la responsabilité personnelle en matière pénale.
Arguments pertinents
1. Applicabilité de la disposition contestée : Le Conseil d’Etat a considéré que les dispositions de l'article L. 6361-12 sont directement applicables au litige en question, qui concerne une sanction prononcée pour non-respect de règles de décollage par un aéronef loué.
2. Nature de la question : Il a rappelé que, pour soumettre une question au Conseil constitutionnel, il faut que celle-ci soit nouvelle ou présente un caractère sérieux. En l'occurrence, le moyen invoqué relatif à la méconnaissance du principe selon lequel "nul ne peut être punissable que de son propre fait" (articles 8 et 9 de la Déclaration des droits de l'homme) révèle une question présentant un caractère sérieux.
3. Absence de décisions antérieures : Le Conseil a noté que les dispositions en question n'avaient pas été déclarées conformes par le Conseil constitutionnel, condition nécessaire pour le transfert de la question.
Citation pertinente : "Il résulte des dispositions de l'article 23-4 de l'ordonnance [...] que, lorsque [...] la question de la conformité à la Constitution d'une disposition législative [...] est sérieuse."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article L. 6361-12 du code des transports : Cet article implique une responsabilité potentielle pour plusieurs acteurs de l’aviation en matière de respect des normes environnementales. Son interprétation soulève des enjeux juridiques complexes liés à la répartition des responsabilités et des sanctions en matière pénale.
Citation pertinente : "L'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires prononce une amende administrative à l'encontre [...] de la personne exerçant une activité aérienne [...] ne respectant pas les mesures prises [...] sur un aérodrome [...]".
2. Conformité avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : La référence aux articles 8 et 9 de la Déclaration des droits de l'homme introduit un examen de la légalité des sanctions imposées dans le cadre d’une législation qui pourrait potentiellement enfreindre le principe fondamental de la responsabilité individuelle.
Citation pertinente : "Principes selon lesquels nul ne peut être punissable que de son propre fait [...]".
En conclusion, la décision du Conseil d'Etat souligne l'importance de l'équilibre entre la réglementation environnementale et les droits des individus en matière de sanctions, ce qui pourrait être réexaminé à la lumière des principes constitutionnels fondamentaux.