Résumé de la décision
La décision concerne M. D..., un ressortissant nigérien qui a obtenu sa naturalisation française par décret du 2 mars 2018 après avoir déclaré être célibataire. Cependant, il a épousé une ressortissante nigérienne le 20 août 2017 sans informer l'administration. Le décret de naturalisation a été annulé par le Premier ministre le 30 juin 2020, au motif que M. D... avait présenté des informations mensongères concernant sa situation familiale. En réaction, M. D... a demandé l'annulation de ce décret. La décision a rejeté sa requête, confirmant que le rapport d'informations mensongères justifiait le retrait de la nationalité.
Arguments pertinents
1. Notification des motifs de retrait : Le tribunal a constaté que le ministre de l'intérieur a correctement notifié à M. D... les raisons du retrait de sa naturalisation par lettre recommandée, bien que celui-ci n'ait pas réclamé le pli. Ainsi, la notification est considérée comme valide à la date de première présentation (20 janvier 2020). Par conséquent, M. D... n'a pas pu arguer qu'il n'a pas eu l'opportunité de présenter ses observations, ce qui aurait invalidé le décret.
2. Dissimilation de l'état civil : Selon l'article 21-16 du Code civil, la naturalisation est conditionnée par la résidence en France au moment de sa signature. La dissimulation du mariage contracté par M. D... a été jugée comme influençant l'appréciation de sa résidence en France et par conséquent, constitutif d'une violation des obligations légales lors de sa demande de naturalisation.
3. Bonne foi et négligence : Bien que M. D... soutienne avoir agi de bonne foi, le tribunal a estimé qu'il était en mesure de comprendre ses obligations légales et administratives, notamment en raison de sa maîtrise de la langue française. En conséquence, l'absence de signalement de son changement marital a été interprétée comme une dissimulation volontaire.
Interprétations et citations légales
- Code civil - Article 27-2 : Cet article stipule que les décrets de naturalisation peuvent être annulés sur avis du Conseil d’Etat si les conditions légales ne sont pas remplies ou en cas de fraude. M. D... a caché son mariage, justifiant ainsi le retrait de sa naturalisation.
- Décret du 30 décembre 1993 - Articles 62 et 59 : Ces articles précisent que l'autorité administrative doit notifier à l'intéressé les motifs du retrait d'un décret de naturalisation. Le tribunal a considéré que la notification avait été conforme, puisque M. D... avait la possibilité de récupérer la lettre envoyée.
- Code civil - Article 21-16 : Cet article précise que la naturalisation nécessite que la personne ait sa résidence en France et ne puisse être accordée si la situation personnelle ou familiale de l’individu n'est pas conforme. M. D... n'ayant pas révélé son mariage, cet aspect a été crucial dans la décision justifiant le retrait de sa nationalité.
En conclusion, la décision met en lumière le poids des responsabilités qui incombent à une personne sollicitant la nationalité française, tant sur la véracité de ses déclarations que sur la communication proactive de tout changement pertinent dans sa situation personnelle.