Résumé de la décision :
Mme B... A..., ressortissante géorgienne, a contesté le refus du préfet des Hauts-de-Seine de lui délivrer une autorisation de travail, ce qui l’empêchait de continuer à travailler pour la société Eric Bompard. Elle a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Cergy-Pontoise la suspension de cette décision. Toutefois, le juge a rejeté sa demande, considérant qu'il n'y avait pas d'urgence. En appel, le Conseil d'État a annulé cette ordonnance, estimant que le juge avait dénaturé les faits en sous-estimant la gravité de la situation de Mme A... et reconnaissant qu'il y avait un doute sérieux sur la légalité de la décision du préfet, bien que la requête de Mme A... ait finalement été rejetée.
Arguments pertinents :
1. Urgence justifiée : Le juge des référés a conclu que le refus d'autorisation de travail entravait la capacité de Mme A... à poursuivre son emploi, compromettant ainsi la délivrance d'un titre de séjour. Le Conseil d'État a considéré que ce refus portait atteinte à l'intérêt de la requérante en entraînant des conséquences immédiates pour sa situation professionnelle.
> « ...le refus d'autorisation de travail faisait en l'espèce obstacle à ce que Mme A...poursuive son activité professionnelle... et avait pour effet de compromettre la délivrance d'un titre de séjour... »
2. Doute sur la légalité de la décision : Le Conseil d'État a relevé qu'il existait un doute sérieux quant à la légalité du refus du préfet, notamment en ce qui concerne l'appréciation de l'adéquation entre le profil de Mme A... et le poste proposé.
> « ...la condition de l'urgence à prononcer la suspension n'était pas remplie [...] alors que le refus d'autorisation de travail... »
Interprétations et citations légales :
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article stipule que le juge des référés peut suspendre l’exécution d’une décision administrative si l’urgence le justifie et qu’un moyen soulève un doute sur la légalité de la décision. Ce cadre législatif nécessite donc d'examiner non seulement le risque immédiat causé par la décision contestée mais aussi son impact sur la situation du requérant.
> « Quand une décision administrative... fait l'objet d'une requête... le juge des référés... peut ordonner la suspension... lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision. »
- Code du travail - Article R. 5221-20 : Cet article exige du préfet qu'il prenne en considération certaines critères, dont l'adéquation entre le profil du demandeur et l'emploi. L’incompétence ou l'erreur manifeste d’appréciation du préfet est un point central dans l’évaluation de la décision contestée.
> « Pour accorder ou refuser l'une des autorisations de travail... le préfet prend en compte les éléments d'appréciation suivants... l'adéquation entre la qualification, l'expérience, les diplômes ou titres de l'étranger et les caractéristiques de l'emploi auquel il postule. »
La décision met ainsi en évidence l'équilibre entre la légalité du jugement administratif et les circonstances spécifiques des requêtes, soulignant l'importance d'une appréciation diligent des conséquences des décisions sur les droits des individus.