Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... a été recrutée par le centre communal d'action sociale (CCAS) de la commune d'Hyères suite à la reprise d'activités précédemment assurées par une association. Elle conteste les termes de son contrat de travail, en particulier la durée et les clauses relatives à sa rémunération, qu'elle juge non conformes à ses attentes. Après que le tribunal administratif de Toulon a rejeté sa demande d'annulation de la décision de rejet de sa demande de modification contractuelle, Mme A... se pourvoit en cassation. Le Conseil d'État a confirmé qu'il y avait eu une erreur de droit dans l'évaluation des différences de rémunération, annulant la décision de la cour administrative d'appel de Marseille sur ce point. Le CCAS a été condamné à verser à Mme A... une somme de 3 000 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Reprise des clauses de contrat :
La décision souligne l'importance de la reprise des clauses essentielles du contrat précédent lors d'un transfert d'activités à une personne publique, en particulier en ce qui concerne la rémunération. La cour a établi que le CCAS ne pouvait pas proposer une rémunération inférieure à celle dont bénéficiait Mme A... sans justification légale adéquate.
> « En écartant, en l'absence même de toute disposition législative ou réglementaire contraire, la reprise des clauses du contrat dont le salarié transféré était titulaire relatives à la rémunération [...] le législateur n'a pas entendu autoriser la personne publique concernée à proposer aux intéressés une rémunération inférieure. »
2. Erreur de droit :
La cour administrative a reconnu qu'en basant son jugement sur des éléments sans prendre en compte la rémunération brute et nette, elle a commis une erreur légale dans l'évaluation du caractère équivalent des contrats.
> « Par suite, en comparant le montant net de la rémunération perçue par Mme A... au mois de décembre 2011 dans le cadre de son ancien contrat avec le montant net de la rémunération qu'elle a perçue en janvier 2012 [...] la cour administrative d'appel de Marseille a commis une erreur de droit. »
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article L. 1224-3 :
Cet article stipule les conditions dans lesquelles la reprise des contrats de travail est permise lors d'un transfert d'activité. Il précise que la nouvelle entité doit proposer un contrat qui respecte les clauses substantielles de l'ancien contrat, y compris celles liées à la rémunération :
> « Lorsque l'activité d'une entité économique employant des salariés de droit privé est, par transfert de cette entité, reprise par une personne publique [...] il appartient à cette personne publique de proposer à ces salariés un contrat de droit public [...] le contrat qu'elle propose reprend les clauses substantielles [...] en particulier celles qui concernent la rémunération. »
2. Interprétation des dispositions légales :
Dans ce cas, le Conseil d'État a interprété que les règles établies par l'article précité interdisent à l'entité publique de réduire la rémunération d'un salarié lors d'un transfert sans justification, et que toute comparaison de rémunération doit prendre en compte les primes et autres compensations, qu’elles soient brutes ou nettes.
> « Pour l'application de ces dispositions, la rémunération antérieure et la rémunération proposée doivent être comparées en tenant compte, notamment, des fonctions occupées par l'agent non titulaire, de sa qualification et de la rémunération des agents de l’Etat de qualification équivalente exerçant des fonctions analogues. »
Cette décision met en évidence la protection des droits des salariés, garantissant que les clauses essentielles de leurs contrats de travail, notamment en matière de rémunération, doivent être respectées lors d’un transfert d’activités vers une entité publique.