Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. et Mme A... ont contesté un jugement du tribunal administratif de Bordeaux qui avait rejeté leur demande d'exonération d'impôt sur le revenu au titre des années 2013 et 2014, en raison d'une activité de prospection commerciale exercée à l'étranger par M. A... Au terme de leur pourvoi, le Conseil d'Etat a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux du 9 février 2018, qui avait également rejeté leur appel. Le Conseil d'Etat a fondé sa décision sur une mauvaise interprétation des dispositions légales concernant la prise en compte des congés de récupération et sur une appréciation erronée des conditions du contrat de travail de M. A..., avant de renvoyer l'affaire à la cour administrative d'appel de Bordeaux.
Arguments pertinents
1. Inclusion des congés dans le calcul des jours à l'étranger : Le Conseil d'Etat a rappelé que la durée totale d'activité à l'étranger, pour bénéficier de l'exonération, comprend les congés de récupération. Il a stipulé que "la circonstance que de tels congés soient placés sur un compte d'épargne temps ne fait pas obstacle à ce qu'ils soient pris en compte pour le calcul de la durée de séjour à l'étranger".
2. Interprétation des stipulations contractuelles : En se basant sur les termes du contrat de travail, le Conseil d'Etat a constaté que la cour administrative d’appel avait dénaturé les stipulations claires du contrat de M. A..., en excluant la possibilité qu'il ait travaillé au-delà des jours ouvrés requis par son contrat. Il a donc mis en lumière l'erreur de la cour sur l'appréciation du temps de travail effectif.
Interprétations et citations légales
1. Exonération d'impôt sur le revenu - conditions :
- Code général des impôts - Article 81 A : Cet article précise que les expatriés peuvent bénéficier d'une exonération d'impôt sur leur revenu, à condition de justifier d'une activité salariée dans les conditions spécifiées, y compris "soit pendant une durée supérieure à cent vingt jours au cours de douze mois consécutifs".
- Le Conseil d'Etat a montré que l'interprétation erronée des congés pouvait affecter la qualification des jours passés à l'étranger.
2. Prise en compte des congés :
- Le jugement insiste sur le fait que "la durée totale d'activité à l'étranger comprend notamment les congés payés et les congés de récupération". Cette distinction est essentielle pour la définition de la période d'éligibilité à l’exonération.
3. Stipulations du contrat de travail :
- À l’appui de la critique concernant les heures de travail, le Conseil a fait référence à une interprétation restrictive des dispositions contractuelles, mettant en évidence que "les stipulations sont claires" et "s'inscrivent dans le cadre légal du travail".
Cette décision montre que l'examen minutieux des éléments contractuels combiné à une bonne interprétation des textes fiscaux est crucial lors de l'évaluation des droits d'exonération fiscales pour les salariés expatriés. Le Conseil d'Etat a donc agi pour rappeler les principes d'interprétation légale et contractuelle.