Résumé de la décision
L'EURL Delaigue Patrimoine a déposé un pourvoi en cassation contre une ordonnance du président de la 9ème chambre de la cour administrative d'appel de Paris, qui avait rejeté son appel contre un jugement du tribunal administratif de Melun. Ce jugement avait accordé un dégrèvement partiel de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour l'exercice 2004, tout en rejetant le surplus de la demande. Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de l'EURL Delaigue Patrimoine, confirmant que la cour administrative d'appel a correctement appliqué des dispositions procédurales et a suffisamment motivé son ordonnance.
Arguments pertinents
1. Application immédiate des nouvelles dispositions : Le Conseil d'État a souligné que les dispositions de l'article R. 222-1 du code de justice administrative, modifiées par le décret n° 2016-1480, s'appliquent immédiatement aux instances en cours. Cette application immédiate ne contredit pas les droits d'appel des parties, même si l'appel a été formé avant l'entrée en vigueur des nouvelles règles.
> "Ces dispositions, qui ne modifient pas des éléments constitutifs du droit de former un appel contre une décision d'un tribunal administratif, étaient d'application immédiate aux instances en cours au 1er janvier 2017."
2. Motivation et reformulation des moyens : Le Conseil d'État a jugé que la cour a suffisamment motivé son ordonnance en constatant que l'EURL Delaigue Patrimoine avait en fait reproduit ses arguments initiaux. En ce sens, il n'était pas nécessaire de reconnaître de nouveaux moyens en appel qui n'étaient que des variations des arguments précédemment soulevés.
> "Le président de la 9ème chambre de la cour administrative d'appel a suffisamment motivé son ordonnance et n'a pas jugé la requête dépourvue de fondement pour ce motif."
3. Principes de dévolution de la charge de la preuve : Le Conseil d'État a rappelé que le juge d'appel peut adopter les motifs du jugement de première instance si ceux-ci répondent suffisamment aux moyens soulevés, ce qui a été appliqué dans la présente affaire.
> "Le juge d'appel peut se prononcer sur ce moyen par adoption des motifs des premiers juges sans méconnaître le principe de motivation des jugements."
4. Absence de partie perdante : En ce qui concerne les frais de justice, le Conseil d'État a conclu qu'aucune somme ne devrait être mise à la charge de l'État car celui-ci n'était pas la partie perdante dans cette instance.
> "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'Etat qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante."
Interprétations et citations légales
La décision du Conseil d'État repose sur plusieurs articles du code de justice administrative, notamment :
- Code de justice administrative - Article R. 222-1 : Cet article, dans sa version issue du décret n° 2016-1480, permet aux présidents de formation de jugement des cours administratives d'appel de rejeter par ordonnance les requêtes d'appel manifestement dépourvues de fondement. Cela a été un point central dans l'évaluation de l'appel de l'EURL.
- Code de justice administrative - Article L. 9 : Ce principe de motivation des jugements rappelle que les décisions judiciaires doivent être suffisamment argumentées. Le Conseil d'État a vérifié que les motifs du tribunal administratif étaient adéquats et avaient été respectés par la cour d'appel.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule les règles concernant les frais de justice, indiquant que les frais ne peuvent être mis à la charge de la partie qui n'a pas perdu l'affaire.
En somme, la décision du Conseil d'État du 27 novembre 2018 rappelle l'importance de la clarté et de la rigueur dans la formation des arguments en appel, ainsi que le respect des nouvelles procédures mises en place par le législateur.