Résumé de la décision
La décision du Conseil d'État concerne le pourvoi de M. B... contre deux ordonnances de la cour administrative d'appel de Nantes. En première instance, M. B... avait demandé la décharge d’un supplément de cotisations d'impôt sur le revenu pour l'année 2011, mais son recours a été déclaré irrecevable pour tardiveté. En raison d'une erreur manifeste de son auteur, le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du 26 mars 2019, qui avait rejeté un recours en rectification d'erreur matérielle contre l'ordonnance du 8 novembre 2018. Cette dernière a été déclarée nulle et non avenue en raison d'une erreur sur la date de notification du jugement contesté. Le Conseil a également accordé 3 000 euros à la SCP Monod-Colin-Stoclet, avocat de M. B..., au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Impartialité dans le jugement : Le Conseil d'État a souligné que le président de la 1ère chambre de la cour administrative d'appel ne pouvait pas juger un recours en rectification contre une décision dont il était l'auteur, en vertu des principes d'impartialité. Le tribunal a affirmé que : "Les exigences qui découlent du principe d'impartialité s'opposent à ce que participe au jugement d'un tel recours un juge qui a participé à la décision qui en est l'objet."
2. Erreur matérielle sur la notification du jugement : Le Conseil d'État a constaté qu'il y avait une erreur matérielle dans l'ordonnance du 8 novembre 2018, quant à la date de notification du jugement. En effet, la notification du jugement par pli recommandé a été réalisée le 1er août 2018, et non le 31 juillet 2018, comme cela avait été établi par le président de la cour. Le Conseil a noté que : "le président de la première chambre de la cour administrative d'appel a commis une erreur matérielle sur la date de notification du jugement contesté."
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article R. 833-1 : Cet article permet à une partie d'introduire un recours en rectification d'erreur matérielle si celle-ci a pu influencer le jugement. L'application de cet article est incontournable lorsque l'impartialité du juge en question fait défaut.
> "Lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification."
2. Code de justice administrative - Article R. 811-2 : Cet article précise les modalités de notification des décisions et les délais d'appel qui en découlent.
> "Sauf disposition contraire, le délai d'appel est de deux mois. Il court contre toute partie à l'instance à compter du jour où la notification a été faite à cette partie dans les conditions prévues aux articles R. 751-3 à R. 751-4-1."
3. Code des postes et des communications électroniques - Article R. 1-1-6 : Ce texte établit les règles sur la notification des envois recommandés et le commencement des délais de recours.
> "Lorsque la distribution d'un envoi postal recommandé [...] est impossible, le destinataire est avisé que l'objet est conservé en instance pendant quinze jours calendaires. [...] le délai de recours contentieux ne commence à courir qu'à compter de la date de retrait du pli."
En somme, cette décision met en lumière l'importance des règles de procédure dans le cadre des recours administratifs, ainsi que la nécessité de préserver l'impartialité des juges tout en respectant les droits des justiciables dans les délais de notification.