Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation formé par le ministre de l’agriculture et de l’alimentation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes. Dans cette affaire, la Commission européenne avait déclaré incompatibles avec le marché commun certaines aides accordées par la France aux aquaculteurs et pêcheurs, notamment sous la forme d'allègements de cotisations salariales spécifiques, et avait ordonné leur récupération. Le tribunal administratif de Rennes avait annulé le titre de perception émis pour cette récupération, décision que la cour administrative d'appel avait confirmée. La Cour de justice de l'Union européenne a ensuite invalidé la décision de la Commission européenne concernant ces aides, affirmant que les allègements de cotisations salariales bénéficiaient en réalité aux salariés et non aux entreprises de pêche. En conséquence, le Conseil d'État a rejeté le pourvoi du ministre, concluant que le titre de perception était illégal.
Arguments pertinents
1. Non-bénéfice des entreprises :
La cour a considéré que les entreprises de pêche n'étaient pas les véritables bénéficiaires des allègements de cotisations salariales, ces mesures ayant principalement pour effet d'augmenter le salaire net des salariés. Comme l'indiqué dans la décision : «...les entreprises de pêche, chargées de précompter sur les salaires de ses employés, n'étaient pas les bénéficiaires des allègements de cotisations salariales...».
2. Invalidité de la décision de la Commission européenne :
Il a été établi que la décision 2005/239/CE de la Commission, déclarant ces allègements d'aides d’État incompatibles avec le marché commun, était juridiquement erronée. La Cour de justice a noté : «...la Commission avait commis une erreur de droit en retenant que les allègements de cotisations salariales en cause étaient des mesures procurant un avantage aux entreprises de pêche...».
3. Conséquences de l'annulation d'actes administratifs :
Le Conseil d'État a fait valoir que l'annulation d'un acte administratif entraîne, par voie de conséquence, l'annulation des décisions subséquentes qui dépendent de son existence. Ceci est illustré par l'affirmation : «...lorsque le juge est saisi de conclusions recevables, il incombe au juge administratif...de prononcer leur annulation par voie de conséquence...».
Interprétations et citations légales
L’analyse de la décision s’appuie sur plusieurs textes de loi et principes juridiques :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 :
Cet article permet au juge administratif d'accorder une indemnité à la partie qui obtient gain de cause dans le litige, en l’occurrence, à la société Scapêche Bretagne ouest.
- Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) :
Le jugement fait référence aux règles du marché commun et aux aides d'État, soulignant que toute mesure qui fausse la concurrence au sein du marché unique doit être examinée sous l’angle de la compatibilité avec le marché commun.
- Arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne :
Les citations des arrêts C-549/09 et C-212/19 fournissent des fondements essentiels au raisonnement. L'arrêt C-212/19, spécifiquement, a précisé le cadre de validité des décisions concernant les aides d'État, en indiquant que «...la déclaration d'invalidité de la décision 2005/239/CE de la Commission...emporte, par voie de conséquence, l'illégalité du titre de perception...».
Ainsi, la décision s’inscrit dans un contexte juridique complexe reliant des décisions nationales et européennes, avec un focus sur l’interprétation des aides d’État et la protection des droits des salariés en matière de cotisations salariales.